Il était absurde de vouloir imposer à 17 pays très différents par leurs structures économiques et politiques, et par leurs cultures, un mark-bis. La monnaie unique a creusé les écarts de compétitivité en Europe, entre un Nord industriel (essentiellement l’Allemagne) à la balance commerciale fortement excédentaire (entre 150 et 200 milliards d’euros par an) et un Sud déficitaire en voie de désindustrialisation. L’euro est une monnaie surévaluée de 25%, qui écrase la compétitivité de la plupart des pays membres de la zone. La monnaie unique devait réunir les peuples, elle les divise.
Faute d’anticipation, faute d’ambition pour l’avenir, c’est aujourd’hui la débâcle qui menace la zone euro tout entière.
Le Fonds de stabilisation créé pour éteindre l’incendie n’a plus de réserves disponibles qu’à hauteur de 250 milliards d’euros face à des montagnes de dettes : ainsi l’Italie doit lever, à elle seule, près de 300 milliards en 2012. Le Fonds n’a pu bénéficier de l’effet de levier du « véhicule spécial » que les grands Etats émergents ont refusé d’alimenter au sommet du G20 à Cannes. Une cinquantaine de banques sont aujourd’hui en situation de préfaillite. Les taux d’emprunt à dix ans ne cessent de s’élever (près de 7% en Italie, 6% en Espagne, 5% en Belgique). La zone euro manque des instruments monétaires et financiers pour faire face à la crise. Les Etats comme la Banque Centrale interviennent trop peu et trop tard.
Sur la base de ce constat, quelle est aujourd’hui la sortie de crise possible ?
Le scénario Merkel-Sarkozy de désendettement des Etats dans un contexte de rigueur renforcée est une faute contre le bon sens. La discipline budgétaire qui serait imposée aux Etats membres par des sanctions rapides et automatiques appliquées par la Commission ne pourra conduire, de plan d’austérité en plan d’austérité, qu’à enfoncer les pays un peu plus encore dans la récession. L’Allemagne même ne pourra à terme y échapper.
Il faut trouver, et vite, d’autres solutions. La voie d’un nouveau traité est inadaptée, trop longue, trop juridique, trop tracassière. La crise n’attendra pas : le défaut d’un Etat, la faillite de plusieurs banques ne sont plus des hypothèses théoriques. La solution de bon sens est de donner enfin à la BCE les pouvoirs normaux de toute banque centrale : interventions sur le marché de la dette, pour dissuader la spéculation, et sur le change, pour faire retrouver à l’euro un cours moins surévalué (son cours de lancement était à 1,16 dollars, plus de 20