La place de l'épouvantail
Ces derniers mois, cette nébuleuse extrémiste et fascisante qu'on croyait noyée dans le formol a refait surface. On les imaginait enfermés dans de poussiéreux bistrots, enchaînant les chopes de bière et ressassant leurs faits d'armes sur fond nostalgique de «c'était mieux avant»... Mais ils sont toujours là. Ragaillardis, organisés, surfant sur un mouvement qu'ils ont su récupérer en pénétrant la formation la plus dure et intégriste des antimariage gay : le Printemps français. Née d'une rupture avec les positions jugées trop «Bisounours» de «La manif pour tous», cette organisation opaque s'est consolidée. Des mouvements comme le régionaliste et islamophobe Bloc identitaire, la pétainiste et antisémite Œuvre française ainsi que Renouveau français, ou encore l'intégriste institut Civitas se revendiquent de ce mouvement, au même titre que le très à droite syndicat étudiant UNI, proche de l'UMP.
Ils participent à ses actions, telles que le «harcèlement» des ministres, les manifestations sauvages ou la dégradation de locaux associatifs, ou les soutiennent. Moribonds ou minés par des luttes internes depuis des années, les cadres de ces groupuscules se réjouissent : ils ont un espace d'expression - la rue -, un contexte intérieur qui fragilise le gouvernement socialiste, et un Front national fort, mais qui dans son processus de «dédiabolisation» leur a laissé un espace sur sa droite, celle de «l'épouvantail». Marine Le Pen a rompu le savant équilibre établi par son père, qui, tout en jouant le jeu des institutions républicaines, fédérait tous les courants de manière à occuper le terrain. Cependant, les liens entre le FN «dédiabolisé» et ces groupuscules d'ultras sont plus troubles que ce que veut bien afficher l'héritière. Ainsi Bruno Gollnisch, membre du bu