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http://www.asafrance.fr/actualites/2628--jeanne-darc
Jeanne d'Arc Le texte ci-après est de Jean Jaurès. Ecrit en 1911, il montre que le personnage de Jeanne d’Arc n’appartient à aucune famille politique ni idéologique.
Il est constitutif
d’une « certaine idée de la France », au-delà de
tous les clivages de cette nature. Humble fille des champs qui avait vu les douleurs et les angoisses des paysans qui l'entouraient, mais pour qui ces détresses mêmes n'étaient que l'exemple prochain d'une douleur plus auguste et plus vaste, la douleur de la royauté dépouillée, de la nation envahie. Il n'y a dans son âme, dans sa pensée, rien de local, rien deterrien, elle regarde bien au-delà des champs de Lorraine. Son cœur de paysanne est plus grand que toute paysannerie. Il bat au loin avec les bonnes villes investies par l'étranger. Vivre aux champs, ce n'est pas nécessairement s'absorber aux choses de la terre. Dans le bruit naissant et dans la cohue grossière des cités, le rêve de Jeanne eut été sans doute moins libre, moins audacieux et moins vaste. La solitude a protégé la hardiesse de sa pensée, et elle vivait d'autant mieux avec la grande communauté de la patrie qu'elle pouvait sans trouble, emplir l'horizon silencieux d'une douleur et d'une espérance qui allaient au-delà. Ce n'est pas une révolte de paysanne qui montait en elle ; c'est toute une grande France qu'elle voulait délivrer, pour la mettre ensuite dans le monde au service de Dieu, de la chrétienté et de la justice. Son dessein lui paraît si religieux et si grand qu'elle aura le courage, pour l'accomplir, de résister même à l'Eglise et de se réclamer d'une révélation supérieure à toute révélation. Elle dira aux docteurs qui la pressent de justifier par les livres saints ses miracles et sa mission : "II y a plus de chose |