Je vais essayer de décliner vos thèmes sous un angle peut-être un peu plus factuel et technique pour vous donner un éclairage des derniers événements. Le dernier colloque de la Fondation Res Publica consacré au système monétaire international (SMI), il y a deux ans – le 17 octobre 2009 – avait mis en lumière l’intérêt et la cohérence d’un projet de réforme reflétant le monde multipolaire qui émerge maintenant rapidement. Trois zones monétaires régionales reposant sur le dollar, l’euro et le yuan et un dispositif faîtier reposant sur les DTS pour assurer l’équilibre entre ces trois zones qui semblait avoir des chances de s’imposer progressivement. Il y a un relatif consensus, au moins en France, sur le caractère souhaitable de cette évolution. Ainsi, un rapport du Conseil d’Analyse Economique (CAE), publié il y a deux mois, propose une analyse des forces et des faiblesses d’un tel système qui paraîtrait en adéquation avec l’équilibre tripolaire (Amérique du Nord, Europe, Asie) de l’économie mondiale et serait un moyen de résorption des déséquilibres réels et financiers qui ont alimenté les bulles et les crises qui se succèdent encore.
Mais si cette esquisse du système monétaire international du XXIème siècle est consensuelle, la nature de son mode de fonctionnement est encore largement indéterminée. Où en sont aujourd’hui les trois zones dans leur évolution monétaire et financière ? Et quelles sont aujourd’hui les perspectives d’organisation du système global et de sa gouvernance à travers celle du FMI ? En clair, qui aura le pouvoir dans ce nouveau SMI ? Quel rôle joueront les marchés financiers ? Qu’adviendra-t-il du pouvoir exorbitant d’émission des États-Unis ? Comment seront régulées les liquidités internationales ?
La crise a changé la donne. Le désendettement global nécessaire à la sortie de la crise implique-t-il une « démondialisation financière » douce, c’est-à-dire obtenue par une réduction