Pas la moindre patrouille en centre-ville. Aucun barrage routier ni contrôle d’identité sur les principaux axes de circulation de la capitale. La traversée de Bamako fait froid dans le dos. Lundi, Abou Zeid, l’un des chefs d’Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamique), a pourtant annoncé qu’il frapperait la France en son cœur, à Bamako et ailleurs. Résultat : devant l’ambassade de France, aucun blindé. Pas plus d’armement dissuasif. Et seulement deux gardes. Dont un avachi dans un fauteuil et qui mange un sandwich. Dioucounda Traoré, président par intérim, a pourtant déclaré vendredi l’état d’urgence.
Mais où se cache l’armée malienne ? Hormis l’Etat-Major, transformé en bunker, la plus forte présence d’hommes en uniforme est aperçue devant le siège de la télé nationale. « Là où commencent les putsch », commente la population. Dans ce pays à l’instabilité chronique, la crainte est jugée plus plausible que celle d’un acte terroriste.
Sur la ligne de front, la situation semble tout autant chaotique. A Konna, jeudi, après seulement une demi-journée de combats, les bérets verts ont tout abandonné derrière eux. Véhicules, armes et même blessés. « Ils ont eu affaire à des assaillants très bien équipés grâce à l’arsenal récupéré en Lybie », ont alors tenté de minimiser les Maliens. Rebelote lundi à Diabaly, où six pick-up islamistes auraient mis en déroute 300 militaires. Depuis, les critiques fusent : « Ce n’est pas une armée, c’est une armoire. Elle laisse tout rentrer », s’énerve un journaliste local. Un ressortissant français ne cache pas sa crainte : « Un officier instructeur français m’a dit que c’était pire que ce qu’il imaginait. Le Malien n’est pas un militaire dans l’âme. Cette armée, c’est un peu l’ANPE. » Les Maliens confirment : « On y fait rentrer que les enfants des gradés. Ils reçoivent 45 jours de formation et après, plus rien. »
Le problème est avant tout politique. « L’armée est trop politisée et divisée », résume un élu. A tel point qu’aucun président n’arrive vraiment à s’imposer comme chef des arm