LE PLUS. Le vendredi 21 juin 2013 marque les 70 ans de l'arrestation de Jean Moulin, fondateur du Conseil national de la Résistance, torturé puis tué par l'occupant nazi. Une commémoration qui arrive alors que les appels à la résistance se multiplient sous les formes les plus inattendues. Fondateur du mouvement Habitat et Humanisme, Bertrand Devert, rappelle combien cet esprit mérite d'être utilisé à bon escient.
Édité par Antoine Rondel
Photo de Jean Moulin au Centre d'histoire de l'occupation et de la déportation à Lyon, le 16 novembre 2012 (P.FAYOLLE/SIPA)
Cela fait aujourd'hui 70 ans que Jean Moulin, trahi dans des conditions obscures, a été arrêté par la Gestapo à Caluire, le 21 juin 1943.
L’homme qui constitua et présida le Conseil national de la Résistance savait, comme chacun de ses membres, qu’il était en danger de mort. Il l’avait accepté. Passionnément, il entendait redonner à la France sa liberté, sa grandeur, pour effacer une capitulation amère et douloureuse devant le pouvoir nazi qui, dans cette "mascarade du mal", suivant l’expression de Dietrich Bonhoeffer, brouillait toute éthique.
Fraternité contre "déshumanité"
Serviteur de l’État, le chaos de l’esprit l’insupportait.
Jean Moulin sut tenir. Gardant le silence malgré la torture, il protégea ceux-là mêmes qui étaient entrés à leur tour en Résistance. Son agonie se termina dans un wagon le conduisant vers un camp de concentration. Mort, mais plus vivant que jamais, il opposa aux nazis et à la Gestapo une puissance intérieure qui, si elle n’a pu ébranler leur "déshumanité", contribua à notre victoire.
Souvenons-nous de l’allocution qu’André Malraux prononça le 19 décembre 1964 lors du transfert des cendres au Panthéon du "Combattant de l’ombre". La France, dit-il, avec Jean Moulin, avait pu compter non seulement sur des français résistants mais sur la Résistance française, lui offrant l’accent invisible de la fraternité pour en faire un combat.
Hommage d'André Malraux à Jean Moulin, le 19 décembre 1964 au Panthéon (INA)
Une lutte toujours aussi importante
Ce combat conserve une singulière