Cette plongée dans le robespierrisme nous rappelle qu’il fut d’abord une « pensée de l’inédit » révolutionnaire, exprimée au gré d’un millier de discours entre 1789 et 1794. Forgé « à chaud », il se nourrit à la source d’un événement que Robespierre n’a pas vu venir mais dont il épouse étroitement le cours et le théorise. Imbu des idées du siècle, cet homme de pensée aspire à transcrire les « promesses » de la philosophie dans le langage concret de l’action politique révolutionnaire. Quand la première conçoit la liberté, la seconde la proclame. Cette démarche, qui lie philosophie et révolution, est d’emblée mise au service de la « cause du peuple », « peuple-classe » davantage que « peuple-nation ». « Surveillant incommode » des droits des humbles, Robespierre œuvre pour leur constante extension, pour l’accomplissement de l’égalité et du bonheur public, étroitement dépendants des vertus du gouvernement républicain.
Cet engagement pour le peuple le conduit à poser la première « théorie de la r(évolution ». Intervalle entre deux légalités, celle qui n’est plus et celle qui n’est pas encore, la révolution est, pour Robespierre, fondamentalement illégale… mais légitime, parce qu’accomplie par le peuple, seul détenteur de la