Le plus grand historien de la Révolution française se nomme Albert Mathiez (1874-1932). L’œuvre
qui est ici rééditée par Florence Gauthier et Yannick Bosc est tout simplement une référence incontournable sur la période révolutionnaire avec une conviction de fond : le lien nécessaire, pour
faire République, entre la souveraineté du peuple et l’intérêt général ou le bien commun. Mathiez plonge en effet le lecteur dans une passionnante enquête politique, économique et sociale, allant
de la chute de la royauté à la Terreur et qui met l’accent sur l’apport considérable de Robespierre et de Saint-Just à la mise en œuvre d’une extraordinaire « révolution sociale » axée sur la
redistribution des richesses au profit du peuple, de la paysannerie, des communes. L’intérêt à lire cet ouvrage, au-delà du simple rappel historique sur les épisodes de la Révolution française
dans cet immense opus, est aussi lié à la rupture que propose Mathiez quant à l’idée de révolution « bourgeoise » qui est un contresens sur les motivations, les actes et les implications
révolutionnaires. Des révoltes à la Révolution en passant par les travaux de la Constituante, les émeutes des Vendéens, la chute de la Gironde et la justice révolutionnaire, tout est évoqué de
façon stylée, savante et pédagogique par Mathiez. La Terreur, bien entendu considérée par cet historien comme contraire aux principes de la République, est aussi examinée avec soin pour mettre en
avant le vide des lois qui occasionna son effondrement. Le combat pour la justice sociale et la République n’a rien perdu de son actualité. Cette lecture, ne serait-ce qu’au profit d’une vision
sociale et humaniste de la Révolution française, est un beau moment d’actualité, en plus d’être publié dans une très belle collection.
Albert Mathiez, La Révolution française. La chute de
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