«Impossible» n'est-il toujours pas français ? C'est sous les auspices de ce dicton suranné que
s'est ouverte au musée de l'Armée une exposition consacrée à Napoléon et l'Europe. Elle présente d'une part la conquête de l'Europe par l'Empereur, d'autre part «l'Europe face à Napoléon»,
histoire de proposer une vision ni trop hagiographique, ni trop critique. «Impossible», le mot est lancé par Bénédicte Savoy, historienne française enseignant à Berlin, qui fut à l'origine
de l'exposition présentée aujourd'hui à Paris. En 2005, consternation parmi les historiens et les admirateurs de Napoléon : alors que les Anglais commémorent avec faste, sur les eaux, et en
présence de la reine, leur victoire de Trafalgar, les Français occultent totalement de leur côté l'anniversaire de la bataille d'Austerlitz, qui s'est, elle aussi, déroulée en 1805. Jean
Tulard, grand spécialiste de l'histoire de l'Empire, s'indigne : «Nous avons ignoré Austerlitz, mais nous avons dépêché un porte-avions français aux cérémonies de célébration de la victoire
britannique à Trafalgar. On peut difficilement pousser plus loin la haine de Napoléon.» La haine ? On en était loin, en 1969, quand un comité présidé par le général de Gaulle organisait la
commémoration de la naissance de Bonaparte (en 1769) avec parades militaires, fêtes populaires, expositions aux Archives nationales, à la Bibliothèque nationale et au Grand
Palais...
C'est en constatant qu'aucune exposition de grande ampleur n'avait été organisée depuis cette date
que Bénédicte Savoy a conçu pour la Kunst- und Ausstellungshalle de Bonn (sorte de Grand Palais allemand) «Napoleon und Europa. Traum und Trauma», présenté avec grand succès pendant l'hiver
2010-2011. Le jeu de mots du titre est éloquent : «Traum und Trauma» signifie «Le rêve e