« Pour qu’un souverain puisse agir fortement au dehors, il faut qu’au-dedans son action soit libre. » Louis Blanc
Au lendemain du Deux-Décembre, les chefs républicains durent aller planter leurs tentes ailleurs … Ledru-Rollin, Félix Pyat, Victor Hugo, passèrent en Belgique où ils furent à l’aise pour insulter le gouvernement sorti de la volonté nationale et Louis Napoléon Bonaparte, à qui la France librement, et avec enthousiasme, confiait ses destinées.
Un homme : Victor Hugo, par son nom et son influence, encore aujourd’hui, domine la foule des proscrits. Nul ne songe à contester le génie littéraire de celui qui chanta l’épopée napoléonienne et qui éveilla dans l’âme populaire un sentiment d’admiration émue pour le demi-dieu crucifié à Sainte-Hélène. Mais n’en déplaise à ses défenseurs actuels, messieurs Kahn et Galo ou bien le magazine Marianne, pour ne citer que ceux-ci, il nous sera permis de dire que le caractère de Victor Hugo jette une ombre sur sa mémoire. L’homme était aussi petit que l’écrivain était grand ! Les napoléoniens et les bonapartistes ne pardonnerons jamais à monsieur Hugo les ignominies que sa haine déversa sur Napoléon III.
Taxile Delord, peu suspect de bonapartisme, a raconté que Victor Hugo « s’imagina qu’il déciderait le roi des Belges à faire marcher son armée, non pas contre la France, mais contre le gouvernement. » Et cela ne l’empêcha pas de glousser pendant dix-huit années vers la patrie lointaine… Expulsé de Belgique, l’auteur des « Châtiments » se réfugia en Angleterre, à Jersey, qui était suivant son expression « une idylle en pleine mer ». Bouffi d’orgueil, il pensait faire son « métier de flambeau » comme il disait lui-même puis, il songea qu’en jouant au martyr il augmenterait sa popularité, alors il fut le Prométhée moderne, que dévorait le « vautour » Bonaparte. A cause de son éloignement, il grandit dans les esprits candides de l’époque (mais aussi ceux d’aujourd’hui encore). Il prétendait être la source lumineuse qui arracherait le pays de « l’antre impérial ». Faguet a écrit avec justesse sur ce persifleur : « il n’est pas altier comme Byron, il n’est pas fat comme Lamartine, il est épanoui en vanité, comme un bourgeois. » Personne ne trouvait grasse à ses yeux, exemple il insulte bassement la mère de Veuillot parce que le journaliste n’approuvait pas son discours. Un autre encore, M. Nisard ayant critiqué ses vers, il écrivit vingt ans après « un âne qui ressemble à M. Nisard, brait ». Rancunier, méchant, pourri d’orgueil,