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Voici un livre qui mérite de rencontrer un écho chez les chercheurs. Michel Blay, philosophe et historien des sciences, par ailleurs président du Comité pour l’histoire du Centre National de la Recherche (CNRS) explique comment fut réorganisé le CNRS sous Vichy. On le sait, le 10 juillet 1940, c’est un vote des parlementaires qui met fin à la Troisième République (569 voix pour, 80 contre), en supprimant la République et sa devise « liberté, égalité, fraternité », au profit de l’État français et du triptyque « Travail, Famille, Patrie ». Pétain nomma alors un nouveau chef au CNRS, Charles Jacob, pour que ce Centre soit « méthodiquement dirigé, charpenté et discipliné » selon les ordres pétainistes. L’idée était, il est vrai, de maintenir une pression continue sur les esprits, en modifiant radicalement le CNRS, d’où fut évacuée toute démocratie, au profit du culte du chef, de l’autorité, de l’expert, du technocrate. Un dialogue entre Pétain et Jacob est notamment cité : « J’entends beaucoup parler de recherche. – Oui, M. le maréchal. – Qu’est-ce que la recherche ? – Pour le moment, jusqu’ici, la pagaille. Mais avec de l’ordre, ça peut rendre de grands services au pays. – Vous y remettrez de l’ordre. » (Philippe Pétain à Charles Jacob, 1941, Vichy). Ce processus de dé-démocratisation et de mise au pas de la recherche va être mené jusqu’à son terme. Les rapports successifs de Mercier, Perrier, Jacob, la loi n°1069 du 10 mars 1941, le décret n°1312 du 25 mars 1941, l’arrêté du 21 octobre 1941, et une note de novembre 1941 sur la question juive au CNRS par Charles Jacob adressée à Xavier Vallat commissaire général aux Questions juives permet de mieux comprendre encore en quoi le pétainisme a tenu également à « régler le sort des juifs dans l’établissement que je dirige », afin que « le CNRS ne compte plus aucun juif dans son administration centrale » et que, par ailleurs, tous les chercheurs francs-maçons y soient aussi suspendus de leurs fonctions (PV séance conseil d’administration du CNRS, 20 mai 1942). L’ouvrag