Maurice Barrès, Charles Maurras ou encore Spengler, Heidegger et Carl Schmitt furent, plus tard, les continuateurs européens d’une telle lutte contre l’autonomie du sujet, le rationalisme, l’éminence des droits de l’homme, la tolérance et l’attention à l’humanité. Le noyau commun des anti-Lumières, du XVIIIe siècle à nos jours, consiste en effet à liquider la liberté de l’individu et le pluralisme des valeurs démocratiques, tout en exaltant l’anti-jacobinisme et la violence. Mussolini, Hitler, Franco comme Pétain purent, à ce titre, se réclamer de telles valeurs anti-Lumières, en promouvant un renversement conservateuraboutissant à la destruction d’une partie de l’humanité. Joseph de Maistre avait pu déjà théoriser ce renversement en souhaitant que « la contre-Révolution ne soit pas une révolution contraire mais le contraire de la Révolution ». C’est précisément dans la contre-Révolution que se place le projet des anti-Lumières.
Mais leur hostilité de principe à la démocratie, à la res publica, au suffrage universel et aux droits sociaux, comme à la laïcité de l’État, n’est malheureusement pas en recul de nos jours. Au contraire, il semblerait que les idées des anti-Lumières se développent plus qu’il n’y paraît. Prendra-t-on l’exemple d’un récent débat problématique sur l’identité nationale en France pour se convaincre de l’omniprésence de leurs thèses « identitaires », en rupture totale avec les Déclarations des droits de l’homme ? Pensera-t-on plutôt à l’émergence dangereuse des néofascismes et aux succ