Le chef de la France combattante prend ses dispositions pour que la communication sur les conclusions
de la conférence interalliée de Casablanca ne soit pas la traduction exclusive de la position partagée par les Américains et les Britanniques. Comme elle consiste à marginaliser les gaullistes
au profit des giraudistes, comprend d’autant mieux la méfiance du Général.
Le 22 janvier 1943, dans un billet secret adressé à René Pleven, il recommande la plus grande vigilance
et une extrême prudence au Comité national demeuré à Londres. “Dans le cas où un communiqué serait publié à Washington, à Londres ou à Alger, à l’issue de la conférence et où soit les termes,
soit le contenu ne paraîtraient pas satisfaisants au Comité national, il y aurait lieu de déclarer tout de suite publiquement que le Comité national fait toutes réserves jusqu’à ce qu’il ait pu
communiquer avec le général de Gaulle”.
Le même jour, le Général rédige un projet de déclaration qui pourrait être publié à l’issue de cette
rencontre au sommet provoquée au Maroc. Il y précise qu’avec lui, deux autres membres du Comité national, le général d’Armée Georges Catroux et le contre-amiral Georges Thierry d’Argenlieu ont
rencontré le général Henri Giraud en Afrique du Nord française: “En vue d’assurer la conjugaison des efforts de guerre de l’Empire et des forces de terre, de mer et de l’air. Il a été décidé
que les liaisons nécessaires seraient établies immédiatement”.
Il est hors de question d’indiquer que cette rencontre a été exigée par le président des Etats-Unis
soutenu par le Premier ministre britannique puisque Giraud s’est abstenu à quatre reprises de répondre de manière claire à de Gaulle et d’envisager une rencontre qui ne soit pas adoubée par les
Alliés. Le chef de la France combattante précise dans ce document: “Il a été procédé à un premier examen des conditions dans lesquelles pourrait être réorganisée la direction de tout l’effort
français dans la guerre de libération, compte tenu de la situation nouvelle en Afrique du Nord et en Afrique occidentale française. Les échanges de vue seront poursuivis
Hervé Chabaud : 22 janvier 1943: de Gaulle se méfie des Alliés
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