LONDRES — Le 12 juillet 1939 à 10 heures du matin, Lothar Nelken était arrivé à la gare de Postdam, à Berlin.
Arrêté et envoyé à Buchenwald dans le sillage du pogrom de la nuit de Cristal, en Allemagne, il faisait partie d’un groupe d’hommes juifs – ils étaient nombreux – qui étaient alors sur le point de commencer un voyage de 36 heures qui devait les emmener vers la liberté et vers la sécurité.
Ce voyage devait leur faire traverser l’Allemagne jusqu’à la frontière avec la Belgique, avant de se rendre dans la ville côtière d’Ostend.
« En très peu de temps, nous nous sommes retrouvés sur un beau ferry », avait écrit Nelken dans son journal intime. « Le Channel est agréable et calme. Au soleil, nous profitons d’une traversée plaisante », ajoutait-il.
Après leur arrivée à Douvres, dans le sud de l’Angleterre, les hommes étaient montés à bord d’un bus pour un court trajet en direction d’un camp militaire datant de la Première Guerre mondiale et inutilisé depuis, situé aux abords de la ville de Sandwich, dans le Kent.
« Nous avons été accueillis avec jubilation », avait conclu Nelken dans son journal intime.
Le ‘Kitchener Camp’ s’était transformé, au cours des quatre mois précédents, en petite ville accueillante qui offrait un asile à des réfugiés juifs de sexe masculin. Un grand nombre d’entre eux, comme Nelken, avaient été arrêtés