Details de la céremonie Franco-Americaine de La Pezade avec Jean Costumero

Ola !! Details de la céremonie Franco-Americaine de La Pezade en ce jeudi 22 aout, ou une foule etait présente. Ci dessous, l'élocant et poignant discours hautement historique de notre Président Henri Moizet. 
La Pezade, lieu de souvenir parce que lieu tragique dans notre mémoire collective nous rassemble, une fois encore, en ce 75e anniversaire. Mais en ce jour, aucun de nous ne peut traduire un regard de témoin ou une narration d’acteur sur cette journée du 22 août 1944. 
Notre perception du lieu (et de l’événement qui le sous-tend) reste forgée par des considérations postérieures aussi diverses qu’incertaines, puisque parfois agrémentée de variantes. Mais elles nourrissent deux certitudes :
— le combat fut violent et déséquilibré entre les forces en présence
— le courage des 23 du groupe de sabotage se doubla d’héroïsme
C’est suffisant pour cristalliser notre attachement à ce lieu et renouveler notre émotion lors de cette commémoration annuelle. Un quadruple objectif nous anime :
— transmettre le souvenir de l’événement militaire dans son contexte
— transcender le sens du sacrifice de ceux qui l’ont affronté 
— honorer au-delà d’eux, tous les combattants de la liberté, gens ordinaires devenus extraordinaires.
Parce que nos prédécesseurs l’ont voulu ainsi, le lt Barthès notamment, ce souvenir s’inscrit de belle manière dans ce paysage de causse aux confins de l’Aveyron et de l’Hérault. 
La Pezade nous rassemble devant un mémorial de facture classique, mais caractérisé par avec un syncrétisme démonstratif. Il met en valeur le nombre de résistants morts en ce lieu par 23 croix ; une plaque rappelle les patronymes. Le drapeau national démontre le pourquoi de leur sacrifice. Mais grâce aux recherches assidues de Jean Robin, ce lieu a intégré la dimension mondiale du conflit. La mort de l’aviateur américain Hoy, aux Infruts, est non seulement rappelée par une plaque spécifique et une 24e croix, mais elle est surtout glorifiée par la bannière étoilée. Hommage justifié, après les deux débarquements sur la terre de France, pour l’apport décisif de nos alliés dans les combats intérieurs de l’été 44. Le lt Hoy est mort, lui aussi, pour la France et un monde libre.
Sur ce coin de Larzac, en effet, le souffle de l’Histoire s’est tragiquement manifesté. Aujourd’hui comme hier, le lieu reste un pôle de recueillement patriotique et une incitation à la connaissance historique. 
Mais pas n’importe quelle histoire ! 
C’est celle de l’engagement d’hommes et de femmes qui ont cru en la nécessité du combat pour construire un autre destin national, dans la liberté reconquise et la démocratie restaurée. C’est celle d’hommes et de femmes qui, venus d’horizons divers, malgré l’incompréhension voire parfois l’hostilité, ont choisi d’être volontaires pour que vive la France. Ils ont décliné à leur manière, à la suite de l’appel de De Gaulle, leur devoir patriotique et leur vision de l’histoire. 
Le combat de La Pezade pour être convenablement apprécié doit être replacé dans sa globalité historique, très loin de la simple anecdote locale.
La Libération de l’Aveyron amorcée dès la mi-août, engendre des combats précurseurs dans le nord du département, vers le Bassin houiller, et du 18 au 20, sur la N111 de Flavin, aux portes de Millau. La retraite allemande est confrontée aux formidables effets du débarquement de Provence. Depuis le 16, la stratégie est clairement indiquée aux maquis méridionaux donc à Paul Clé. Elle fut, par plusieurs canaux, rappelés jusqu’au 20 août, date de l’ordre transmis par le DMR Picard en R.3 et retrouvé dans les archives du Cdt en second du district sud, Theule-Benedict :
« ’ à tout prix, freinez tous les mouvements allemands vers l’Est ou le Nord (…) La réussite de la manœuvre alliée et la destruction des forces allemandes dépendent du retard que vous infligerez aux mouvements allemands (…) Nous vous demandons de vous engager à fond… vous contribuerez ainsi à la victoire »’. 
Le groupe de sabotage Pays, le groupe léger n° 1 Galiot, le maquis des Corsaires ont accompli leur mission respective. Ils le firent en lien avec les maquis voisins de l’Hérault, et bien sûr ceux de l’Aveyron, venus les rejoindre pour constituer la colonne de poursuite à partir des Rives, le 23 août. Les combats se poursuivirent dans l’Hérault, le Gard jusque dans l’Ardèche où la colonne dite de Rodez fut anéantie, début septembre. La conjonction maquis-aviation alliée avait atteint son objectif. La bataille des Cévennes était gagnée.
Ce lieu de La Pezade en fut le point de départ. 
Qu’il en reste le symbole pour les Aveyronnais comme pour nos fidèles amis héraultais. Dans cet hommage partagé, il y a la reconnaissance d’un héritage commun, fédérateur au-delà des différences. 
Le groupe des 23, creuset d’âges, de convictions, d’itinéraires divers, nous y incite impérativement. L’officier de la France libre côtoie l’ouvrier progressiste saint-affricain, le juif ancien des Brigades internationales succombe au côté du jeune Espagnol immigré, les réfractaires venues d’autres départements subissent le même sort que leurs compagnons aveyronnais. 3 Saint-Affricains partagent leur agonie avec celui venu d’AFN. Dans la mort, Le déserteur azéri musulman, loin de son pays natal, ne se différencie pas du catholique, du protestant, de l’agnostique local. Les associer avec le lieutenant Hoy originaire de Détroit et l’agent régional de liaison Melle Andrée de Beauregard, fusillée le 21 dans la côte de Pétafy, c’est reconnaitre l’exemplarité et la vraie signification de toutes ces morts. Leur courage et leur sacrifice sont au cœur du message posthume que dans ce site sacralisé ils nous transmettent aujourd’hui. Message porteur de valeurs citoyennes, humanistes, démocratiques qui nous sont communes.
Français ou Étrangers, femmes ou hommes, jeunes réfractaires ou vieux patriotes, antifascistes réfugiés ou juifs proscrits n’ont formé qu’un seul peuple cimenté dans la lutte. Son socle, c’est le poids des vies humaines sacrifiées, pendant ces années sombres de feu et de sang, pour la liberté de tous les peuples opprimés. 
75 ans après, le combat de La Pezade nous réunit dans le souvenir d’une terre de danger, de mort, mais aussi de courage. Qu’il renforce toujours plus notre désir d’une terre de paix, de liberté et de fraternité partagées.

La Pezade 22 août 2019
Accueil

Notre amicale remercie les collectivités qui depuis tant d’années nous aident dans nos actions de mémoire, la mairie de Saint-Affrique notamment. Cette année, nos remerciements s’adressent aussi à M. le président du Conseil départemental pour les aides accordées qui nous ont permis de renouveler le drapeau et de concrétiser la plaquette anniversaire. Nous remercions encore Mme la directrice de l’ONAC pour son partenariat confiant.
Je salue respectueusement les familles des maquisards tués en ce lieu, ainsi que les membres de la famille du lieutenant Simmons, venus de fort loin pour cette commémoration intégrant l’hommage au lieutenant Hoy.
Ayons une pensée/les absents : H. Balmes, J. Robin est de tout cœur avec nous » et pour ceux décédés, qui étaient fidèles au souvenir de La Pezade : R. Brugié, A. Paulhe, et notre ami Michel Guiraud (famille Roussouly).
Je salue amicalement les anciens du maquis présent : Raphaël Garcia, Gérard Guibert, Robert Bénézech ainsi que Mme Yolande Jacquet, fille du capitaine Theule, Cdt en second du district Sud A.S, à Tournemire. Ils sont le dernier lien direct avec le maquis Paul Clé toujours vivant dans notre mémoire collective.

Henri MOIZET.