C'est sur ces territoires, affirme le chercheur, que le passage brutal du féodalisme au capitalisme aurait favorisé l'éclosion de ce qu'il appelle des «sectes prémafieuses». C'est là que les premiers «entrepreneurs de la violence» ont confisqué la gestion de l'ordre public au nez et à la barbe du pouvoir libéral. Ce qui leur était partout commun, c'est l'existence de «pactes scélérats noués dans le secret entre les élites sociales et le monde de la pègre». «Scélérates», le mot revient souvent dans ces pages, pour qualifier les liaisons le plus souvent invisibles qu'entretiennent les boss du crime organisé et les responsables politiques et économiques.
Et l'auteur de constater que les organisations secrètes se sont parfaitement accommodées de la démocratie, comme du suffrage universel, avant de surfer sur la mondialisation, la première leur ayant ouvert les portes de l'Amérique à la fin du XIXe siècle. La crise économique leur profite également, sans oublier les bénéfices qu'elles ont su encaisser en marge de l'effondrement du communisme. La chute du mur de Berlin aura en effet constitué un boulevard pour le crime organisé, entré depuis la fin des années 80 dans une phase de conquête que l'auteur qualifie d'«extraordinaire», toujours à la faveur de la soudaine libéralisation de l'économie, en particulier dans l'ex-empire soviétique.
Pour autant, Jacques de Saint Victor