Nous trouvâmes l'Empereur seul, à la lisière du bois. Le sanglier avait disparu, ainsi que son cheval.
Nos chiens étaient comme fous. Ils hurlaient à la mort et couinèrent quand nous les fîmes taire. Debout, droit et robuste comme à son habitude, Charles ne paraissait pas blessé.
Comme nous approchâmes, il nous fit signe de nous taire, réclama une outre et la vida d'un trait. Jamais, je ne l'avais vu ainsi, malgré son calme on aurait dit qu'il avait été frappé par la
foudre. Il était pâle comme un linge.
Et après un long silence: « J'ai vu un ange, dit-il, ou un dieu païen. Ce devait être un ange car
il avait visage humain. Il était de grande taille, il était vêtu d'un blanc immaculé. Il s'est approché de moi, a flatté le cheval qui est resté calme, puis m'a demandé en latin s'il
pouvait...
- S'il pouvait quoi ?
- C'est ce que j'ai demandé et il a fait quelque chose d'incompréhensible. Il a sorti une boîte, puis m'a
montré la boite, les deux bras tendus devant lui.
- Qu'y avait-il dedans ?
- Il y avait dessus, un homme vêtu comme moi, sur un cheval ressemblant au mien.
- Qu'a-t-il dit ?
- Il m'a demandé si j'étais d'accord pour qu'il utilise l'image. Pour les enfants a-t-il dit. Pour mettre
fin à une légende de barbe fleurie.
- Et puis ?