Ancien député européen (PS), conseiller du candidat François Hollande sur les questions LGBT, Michel Teychenné a été chargé par le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon de rédiger un rapport sur les discriminations liées à l'orientation sexuelle, dans le cadre du plan interministériel de lutte contre l'homophobie présenté mercredi dernier en conseil des ministres (lire notre article).
TÊTU.com: Quel est l'objet de cette mission ?
Michel Teychenné: Vincent Peillon m'a chargé de rédiger un rapport sur les actions et mesures qu'il serait envisageable de décliner dans les établissements scolaires. Ce qui révèle une
volonté de lutter contre toutes les discriminations LGBT. Au niveau de l'Education nationale, la jeunesse est particulièrement concernée par ces problèmes. On ne le dit jamais assez: les
adolescents et les jeunes adultes LGBT, filles ou garçons, ont statistiquement des risques de tentative de suicide nettement supérieurs aux hétérosexuels: entre 6 à 12 fois plus selon les
études portant sur le suicide ou les tentatives de suicide chez les 15-25 ans. Les raisons en sont la solitude et la pression sociale, qui sont souvent aggravées par l'homophobie vécue ou
intériorisée.
L'annonce de ce rapport a été applaudie par le Collectif Education
contre les LGBTphobies en milieu scolaire (regroupant neuf organisations syndicales, ndlr) qui dénonce le silence et l'inertie du précédent gouvernement. A juste
titre ?
Je partage clairement ce point de vue. Il ne s'est pas fait grand-chose, et même la circulaire de 2003
sur l'éducation sexuelle n'est pas appliquée dans les établissements. Dans le cadre du plan de Najat Vallaud-Belkacem, le ministère a créé un groupe de travail auquel je participe pour, déjà,
appliquer cette circulaire en revoyant tout ce qui concerne l'éducation à la sexualité sous l'angle biologique, mais aussi sociologique et humain. SOS-homophobie est associée à ce
travail.
Pourtant, Luc Chatel avait lancé en 2010 une campagne de communication contre l'homophobie. En 2011, après la publication d'un rapport de la Direction générale de l'enseignement scolaire, il a
mis en place un plan de lutte contre les discriminations et le harcèlement à l'école...
Oui, avec un délégué national qui n'a jamais pris ses fonctions! On a assisté à de petites opérations
de communication plus qu'à une véritable prise en compte des problèmes. La création de «la ligne Azur» est le seul point positif. Il faut développer et renforcer cette approche. L'enjeu de
mon rapport est d'aborder sérieusement les problèmes de fond avec l'ensemble des partenaires: enseignants, parents d'élèves, associations LGBT. Le Collectif Education a fait un travail
important autour d'une pla