Ces gens-là pariaient et spéculaient, truquaient des matches, brisaient les carrières ou les bras des boxeurs récalcitrants, organisaient un spectacle de sang et d'honneur. « Couche-toi contre Fox et tu auras ta chance pour un championnat du monde », avait ordonné le truand Blinkie Palermo à Jake la Motta, et le taureau du Bronx s'était couché, et n'en était pas moins un homme, qui battrait Cerdan...
Car les champions, victimes d'un système, n'étaient pas moins admirables en étant complices – se couchaient parfois, se relevaient pourtant, se battaient vraiment, ensuite, quand ils en avaient le droit. Il aura fallu que le Sénat américain s'en mêle, de toute son autorité, pour que la mafia soit sortie du jeu en 1951, et que ceci devienne légende.
Ce qui arrive aujourd'hui au football européen m'évoque la boxe de légende, mais le romantisme n'est plus là : notre époque manque de folklore. Si l'on comprend bien la déflagration d'Europol, des parieurs asiatiques finissent par changer la donne de notre foot, à la marge, dans des championnats de pauvres, puis au coeur du système même, dans deux rencontres de Ligue des Champions – et nous prenons peur alors, si la vitrine même est atteinte...
Il existe donc des Carbo d'aujourd'hui, mais nous ne les voyons pas quand Carbo et Palermo, eux, étaient dans la comédie de leur temps, palpables et menaçants.
Nos mafieux contemporains sont l