Le frère S. coupe la radio : «Des propos même pas dignes de ma concierge ! Ces ecclésiastiques montrent leur totale ignorance de tous les travaux publiés depuis trente ans par des psychologues et des théologiens reconnus ! Le savent-ils seulement ? Même pas : cette génération refuse la reconnaissance de ce qu'on est. Surtout, ne pas rompre le grand secret. On boit, on grossit, on déprime, mais on se tait... Si vous saviez le nombre de prêtres pour qui j'ai été le premier à qui ils osaient se confier !» Il se tait. Dans le jardin jonché de feuilles mortes s'éloigne une silhouette grise de religieuse en civil. Le frère S., profil de Jean Marais vieillissant sur son col roulé gris, se souvient de ses 30 ans, lorsqu'il s'est «avoué tel», il était déjà moine : «Un frère m'a dit : "Ton travail te sauvera."» Ses recherches l'ont en effet accaparé soixante-dix heures par semaine. Mais il était amoureux : «Le prieur m'a dit : "L'important est que tu ne couches pas au couvent..."» Alors, le frère S. a redoublé d'activité intellectuelle.
Avec quatre prêtres et un pasteur protestant, il a participé au groupe de recherches du théologien «éclairé» Xavier Thévenot (1938-2004), illustre professeur à l'Institut catholique de Paris et dans plusieurs séminaires, et auteur des premiers ouvrages publiés au sein de l'Eglise sur un sujet brûlant (Mon fils est homosexuel et Homosexualités masculines et morale chrétienne). Dès les années 70, il a été au