Il y a une multitude de techniques pour tenter de prévoir l’avenir. Le marc de café, la boule de madame Irma… Il y a aussi la lecture des textes anciens, c’est plus ardu, mais peut-être plus efficace. Deux officiers supérieurs s’y sont essayés avec succès, les colonels Givre et Le Nen.
Thucydide (460 a. J.-C.) d’abord. « Au source de la guerre se trouvent l’intérêt, l’honneur et la peur ». « Ces trois cercles » articulent les relations internationales et pourraient permettre de prévoir les formes de déflagrations à venir. Pour nos experts la tension des EU avec la Chine comme ceux avec la Russie sont à l’intersection de l’intérêt et de l’honneur. Celui entre les deux Corées se situent entre la peur de l’intérêt. Le conflit larvé entre Taïwan et la Chine serait nourri par une blessure d’honneur. Chaque source génère un type de guerre particulier. On ne règle pas un différent d’intérêts comme on lève une peur. Le premier différent est rationnel. Le passage à l’acte suivra un calcul d’intérêt/coûts. émotif. La peur et l’honneur relèvent des registres des émotions. Tout devient plus complexe. Un peuple peut se suicider pour sauver son honneur. L’usage du terrorisme est légitimé. Heureusement pour nous, l’Europe n’interfère avec les autres puissances que dans des conflits d’intérêts, sauf dans le cas de nos relations avec l’Iran. Nos deux colonels les ont placées à l’intersection de la peur et des intérêts.
Carl von Clausewitz est évidemment mis à contribution. Les deux colonels travaillent essentiellement sur un de ses concepts : sa trinité. Le philosophe silésien estime que la victoire dépend de trois acteurs : le pouvoir, l’armée et son peuple. Chacun contribue au succès militaire. Il ne peut pas y avoir de victoire sans qu’ils soient tous mis à contribution. Au XIX siècle l’auteur de « De la guerre » estime que le peuple est un « réservoir de moyens ». Les victoi