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Leur destin d’enfants juifs déportés s’est croisé à Ravensbrück. Leurs souvenirs ne sont pas de ceux que deux dames âgées échangent avec légèreté autour de petits gâteaux et d’une tasse de thé. Mais singulièrement, ce sont ces souvenirs d’une enfance épouvantée dans ce camp de concentration qui les rapprochent. « Soixante-dix ans après, deux enfants déportées se retrouvent . C’est très rare et très émouvant », confie Lili Leignel. Stella Nikiforova acquiesce.
Deux années de survie qu’elles se sont réappropriées avec courage pour porter le témoignage de la réalité des camps nazis. Malgré les peurs encore sourdes. Comme celle des chiens. Ceux que les SS lançaient au hasard sur les détenues alignées lors d’interminables appels devant les baraques. L’état de délabrement physique, la misère, la faim, le travail épuisant des femmes auquel était soumise la maman de Lili Leignel.
Dans l’ambiance chaleureuse de retrouvailles impensables alors, la conversation se déroule en russe, en allemand, et en français. Dominique Gérardin, professeur d’histoire à Armentières a invité Stella Kugelman-Nikiforova à séjourner dans sa paisible maison. Il traduit. Lili se terrait dans le block 31. Stella dans le block 32. « Nous ne nous sommes jamais vues à ce moment-là, je portais le numéro 25 612, Stella le 25 622 », relate Lili Leignel. Par la fenêtre du salon, la campagne resplendit, la mémoire de Stella est intacte. La parole libérée fait-elle du bien ? « Pas vraiment », répond Stella. « Cela nous fait revivre ce qui s’est passé là-bas. ». Aujourd’hui elles sont ensemble aussi pour préparer la conférence qu’elles donneront à Marcq et à La Bassée.
« Il ne fallait plus que je pleure, sinon on m’aurait envoyée dans le block des folles, raconte Stella. Ces détenues y étaient gazées