La mort imminente de Nelson Mandela, la célébration dans les jours qui viennent du 70e anniversaire de la mort en martyr de Jean Moulin, l'annonce, déjà, des commémorations du centenaire de la guerre de 14 et de l'assassinat de Jaurès, nous rappellent que les figures emblématiques deviennent rares et que le temps des héros est révolu.
"Malheureux les pays qui ont besoin de héros" disait Bertolt Brecht, en bon marxiste qui pensait que le destin des peuples se forge dans la révolte collective contre l'oppression, et que les hommes ne sont que les accoucheurs interchangeables d'une histoire en train de s'écrire.
On a le droit d'être en désaccord. Et l'on peut regretter que les modèles, les références auxquelles on peut s'identifier, ou pourquoi pas, s'opposer, deviennent plus rares.
Alors, sans doute, le mot de héros, qui évoque l'action glorieuse est-il trop guerrier et n'est-il plus adapté à des temps plus pacifiques. Mais quelles sont les grandes figures, les maîtres, qui peuvent encore inspirer les peuples ou les individus ?
Nelson Mandela, incarne à l'évidence un destin exemplaire de courage, de ténacité, de volonté, d'intelligence. Il a symbolisé une lutte, et renversé l'histoire de l'Afrique du Sud.
Les poilus de 14/18, ayant souffert mille morts entre la Marne et Verdun, et ayant laissé presque un million et demi des leurs dans les tranchées, figurent par excellence l'héroïsme et le sacrifice du soldat.
Jean Jaurès, tribun socialiste et pacifiste, assassiné à la veille de la Première Guerre Mondiale, parce qu'il incarnait la fraternité des peuples au-delà des frontières, est resté l'image même du lion, défenseur des ouvriers
http://www.huffingtonpost.fr/anne-sinclair/histoire-heros_b_3525957.html