Pour saisir l'état d'esprit des combattants de l'armée nazie, on disposait jusqu'alors de courriers, de rapports, d'interrogatoires, de mémoires ou de témoignages, soit diverses sources potentiellement influencées par différents facteurs qui altèrent l'honnêteté du propos.
En découvrant, dans les archives anglaises et américaines, un total de 200 000 retranscriptions d'écoutes secrètes menées par les Alliés sur des Allemands captifs, l'historien Sönke Neitzel a permis une avancée considérable, dont ce livre, intitulé Soldats, rend compte avec précision : bavardant sans retenue, des hommes livrent le fond de leur pensée, chargée de violences, d'horreur, de doutes et de certitudes. Reste à en comprendre les mécanismes, les récurrences comme les omissions. C'est dans ce but que Neitzel a travaillé aux côtés du psychosociologue Harald Welzer, déjà connu pour des recherches qui prennent le contre-pied de la «banalité du mal» portée par Hannah Arendt.
Et, là encore, le débat est posé : à en écouter ces soldats vaincus, le nazisme, auquel ils font rarement allusion, ne serait pas l'élément responsable de la disparition absolue des normes morales pendant six années de conflits. En revanche, cette doctrine génocidaire aurait permis l'exacerbation d'un processus provoqué par la guerre elle-même. S'il est vrai que la parole de soldats engagés sous un autre uniforme, dans d'autres conflits et à d'autres époques présentent d'évidentes similitudes, on objectera que l'imprégnation de la société allemande par le nazisme a pu le rendre omniprésent au point de n'apparaître qu'en filigrane dans les discussions quotidiennes.
VICTIMISATION D'UN PEUPLE
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Les nazis, c'étaient les autres
" Je te le dis, j'en ai descendu, des gens, en Angleterre. Dans notre escadrille, on m'appelait " le sadique professionnel ". Je les descendais tous - un autobus dans la rue, un convoi civil à ...
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