Les amants d’Avignon, d’Elsa Triolet (collection Folio 2 €)
Aujourd’hui, j’ai choisi le roman d’Elsa Triolet, « Les amants d’Avignon », pour l’évocation d’Avignon, parce que c’est la jolie époque du festival d’Avignon. Une manière littéraire d’aller dans la ville au ciel bleu profond, toute bruissante des stridences des cigales. Car Elsa Triolet adorait Avignon, c’est ce que vous explique la guide lorsque vous visitez le moulin de Saint-Arnoult en Yvelines, propriété qu’Aragon offrit à Elsa pour donner à l’expatriée un bout de terre à elle. Au mur de son bureau on peut admirer un plan d’Avignon choisi par Aragon.
Ce roman se passe pendant l’occupation. On y suit une jeunefemme engagée dans la résistance, chargée d’apporter des messages, des papiers, de récolter de l’argent, de prévenir d’arrestations imminentes, dans des fermes, des hôtels lugubres, des trains. La peur est palpable, c’est vécu de l’intérieur, sur quelques jours de la vie de Juliette, Rose dans sa vie clandestine, luttant pour la vie, pour l’amour. Elsa Triolet a un art consommé pour croquer sur le vif la vie de ces années sombres. Un wagon, un lieu public… quelques phrases et nous y voilà littéralement plongés.
Deux villes habitent le roman, littéralement, Lyon et Avignon.
Elsa n’aimait pas Lyon, décrite comme une ville sombre, boueuse, humide et suintante, aux couloirs tortueux**. C’est vrai que Lyon apparaît si sombre en cette période de l’Occupation, accolée à la figure de Jean Moulin supplicié dans les caves de la gestapo, sur laquelle plane l’ombre de Klaus Barbie, avec ses murs sales que la rénovation urbaine n’avait pas encore parés des couleurs florentines amoureusement filmées par Bertrand Tavernier dans les dernières images de « ‘Round midnight ». La ville refermée sur elle-même, secrète et inquiétante, est sûrement restée associée