On croyait tout savoir de Jean Moulin (1899-1943), figure majeure de la Résistance, trahi et arrêté à Caluire, dans la banlieue de Lyon, le 21 juin 1943, et décédé quinze jours plus tard, près de Metz, dans le train qui l’emportait vers la captivité. Mais l’autre facette du personnage, celle du temps de paix, restait à redécouvrir. Jean Moulin avait été mobilisé à 19 ans, en avril 1918. Stationné dans les Vosges, puis à Charmes, Metz et Verdun, il vit assez d’horreurs pour apprécier ensuite les joies de la paix retrouvée.
Séducteur et sportif, il est aussi un artiste doué pour le dessin et l’aquarelle. Dès l’adolescence, il a formé son coup de crayon en copiant Poulbot et Hansi. Entré dans l’administration préfectorale, il continue d’exercer en parallèle ses talents de caricaturiste sous le pseudonyme de Romanin. Mais sa carrière s’accélère : à 26 ans, il est le plus jeune sous-préfet de France, à Albertville. Il se lie d’amitié avec le député de Savoie Pierre Cot. Lequel, devenu ministre de l’Air, le prend comme chef de cabinet en 1933. Ensuite, Moulin retourne à la préfectorale, sans renoncer à l’art puisqu’il réalise des eaux-fortes pour un recueil du poète Tristan Corbière. En 1939, il est nommé préfet de l’Eure, à Chartres. C’est là que, le 17 juin 1940, ayant refusé de signer un texte accusant des soldats noirs d’exactions contre des civils, il est passé à tabac par les Allemands et tente de se suicider. Son premier acte de résistant…
Pour le 70e anniversaire de sa mort, l’exposition Redécouvrir Jean Moulin
http://www.republicain-lorrain.fr/actualite/2013/05/19/l-artiste-jean-moulin