L’homme qui constitua et présida le Conseil National de la Résistance savait, comme chacun de ses membres, qu’il était en danger de mort. Il l’avait accepté. Passionnément, il entendait redonner à la France sa liberté, sa grandeur, pour effacer une capitulation amère et douloureuse devant le pouvoir nazi qui dans cette ‘mascarade du mal’, suivant l’expression de Dietrich Bonhoeffer, brouillait toute éthique.
Serviteur de l’Etat, le chaos de l’esprit l’insupportait.
Jean Moulin sut tenir. Gardant le silence malgré la torture, il protégea ceux-là mêmes entrés à leur tour en résistance. Son agonie se termine dans un wagon le conduisant vers un camp de concentration. Mort, mais plus vivant que jamais, il opposa aux Nazis et à la Gestapo une puissance intérieure qui, si elle n’a pu ébranler leur déshumanité, contribua à notre victoire.
Souvenons-nous de l’allocution qu’André Malraux prononça le 19 décembre 1964 lors du transfert des cendres au Panthéon du ‘Combattant de l’ombre’. La France, dit-il, avec Jean Moulin avait pu compter non seulement sur des Français résistants mais sur la Résistance française, lui offrant l’accent invisible de la fraternité pour en faire un combat.
Ce combat conserve une singulière actualité. Que d’hommes sont rejetés, oubliés, massacrés par des idéologies perverses et rampan
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