GRAND ENTRETIEN | Jean Moulin fit de ce royaliste antisémite un fervent républicain. A 92 ans, cet amateur d'art devenu historien, ravive la mémoire de son mentor. France 3 diffuse un téléfilm adapté de ses souvenirs.
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Daniel Cordier. © Lea Crespi pour Télérama
Il lui est fidèle depuis soixante-dix ans. Depuis ce jour de juillet 1942 où Jean Moulin, chargé par le général de Gaulle d'unifier les mouvements de la Résistance, l'a recruté à Lyon pour devenir son secrétaire. Par la suite, Daniel Cordier a réalisé le rêve de celui qu'il continue d'appeler « le patron » : devenir peintre. Comme lui, il a aussi constitué une importante collection d'art (donnée au musée national d'Art moderne) et dirigé une galerie (1956-1964) où il a exposé des artistes tel Robert Rauschenberg, alors inconnu en France. Enfin, lorsque Moulin a été attaqué par Henri Frenay, ancien chef de la Résistance, en 1977, Cordier s'est mué en historien pour défendre sa mémoire.
Ce n'est pourtant pas à Jean Moulin que Daniel Cordier ressemble le plus. Plutôt à ces artistes singuliers, dits outsiders, pour certains issus de l'art brut, qu'il a passionnément défendus. Lui aussi est à part. Monarchiste et antisémite en 1940, il est devenu un homme de gauche, profondément républicain, au contact de son mentor. Il a raconté cette métamorphose dans l'envoûtant Alias Caracalla, aujourd'hui adapté à la télévision et complété par un livre tout aussi passionnant,De l'Histoire à l'histoire. A 92 an