Résumés
La présente « étude de cas » se propose d'examiner, à partir d’une correspondance privée exceptionnellement riche, le cas de trois jeunes prêtres de Moravie du Sud ayant fait, au début du XIXe siècle (1803), l'objet d'une vaste enquête policière pour leurs sympathies envers la Révolution française, ou, selon les termes de l'époque, pour leurs « dangereux principes séditieux, anticléricaux et immoraux ». Il s’agit d’abord d’une contribution à la problématique du « retentissement » de la Révolution française dans les pays habsbourgeois au temps de la « chasse aux Jacobins », qui permet d’approcher les sources d’informations sur les événements et les idées révolutionnaires accessibles dans la campagne morave, située entre les centres intellectuels de Vienne et de Brno ; mais il s’agit aussi d’entrer dans la vie d’une génération d’ecclésiastiques libéraux et cultivés, formés dans l'esprit du Joséphisme et des Lumières tardives, qui durent pratiquer leur prêtrise dans une atmosphère politique et spirituelle conservatrice et chargée de suspicion. L’article permettra également d’attirer l'attention sur certains traits du travail des policiers et des enquêteurs dans cette période tendue, et sur les modalités d’un « procès » contre des ecclésiatiques.