Un sous-officier français du 13e bataillon de chasseurs alpin de Chambéry a été tué dans la province
de Kapisa, dans l'est de l'Afghanistan, mardi 7 août. Il était en opération avec l'armée afghane. Un autre soldat français a été blessé. Lui est «hors de danger», selon
l'Elysée. François Hollande a exprimé sa «vive émotion» après ce décès qui porte à 88 le nombre de soldats français tués en Afghanistan depuis le début de l'intervention
française et alliée dans ce pays, fin 2001.
Nous publions l'enquête de Vladimir de Gmeline, «Les soldats brisés de la guerre
perdue», paru dans le magazine Marianne n° 791 daté du 16 au 22 juin 2012. Dans cet article, notre journaliste revenait sur les différents traumatismes liés au bourbier
afghan et la difficile réacclimatation des soldats français rentrés au pays.
Les soldats brisés de la guerre perdue :
Il a des bras épais comme des cuisses, une voix grave et les cheveux toujours courts. Marc a 26 ans
et des rêves d'aventure encore plein la tête. Il s'était engagé pour ça. L'action, les voyages, il en rêvait depuis l'adolescence. Mais l'armée, pour lui, c'est fini. La nuit, il ne dort
plus. Il revoit les corps de ses copains, il sent l'odeur des cadavres, à en vomir.
Pendant deux ans, il s'est réveillé en sursaut, paniqué, cherchant l'interrupteur. Vite, de la
lumière : «Je me suis mis à avoir peur du noir.» Il se souvient de cette progression en tête de colonne dans l'obscurité la plus absolue, après une journée de combats furieux sous
un soleil de plomb, sans eau et manquant de munitions, des premiers blessés, hagards, des premiers morts, des pièges des talibans