La charité abroge l’égalité.
Robespierre contre la charité, par Gérard Mordillat
Le 2 décembre 1792 Robespierre déclarait à la tribune de la Convention : "Quel est l’objet de la société ?
C’est le maintient des droits imprescriptibles de l’homme. Quel est le premier de ces droits ? Celui d’exister. La première loi sociale est donc celle qui garantit à tous ses membres les moyens
d’exister". Exister n’est pas un droit, c’est un fait : l’homme existe mais les conditions de son existence sont – pardon de le préciser ! – toutes entières régies et conditionnée par la société
dans laquelle il vit ; il est à la fois l’acteur et le produit de cette société. Reconnaître aux hommes et aux femmes, en tant que citoyens, d’avoir des droits, c’est leur reconnaître d’abord le
droit d’avoir des droits.
Des droits égaux à celui de leurs semblables.
Or, dans la société où nous sommes, (sans chercher à regarder plus loin que la France en 2012,
mais cela vaut pour l'Europe et tout le monde occidental), chaque jour le droit d’avoir des droits est combattu par les toutes forces réactionnaires, la droite au sens large, le patronat,
ses organisations, ses affidés, ses hérauts dans les médias . Les sans-droits prolifèrent ; qu’ils soient sans papiers, sans abri, sans travail, sans logement…
Car, si juridiquement, les citoyens ne sont privés de leurs droits qu’en matière criminelle, dans
les faits, l’individu que l’accumulation des malheurs, la perte d’un emploi, d’un logement, d’une famille pousse hors de la société, se retrouve, sans droits, non techniquement, mais
pratiquement.
Incapable de faire reconnaître ses droits, de les faire accepter et appliquer à son profit, cet
individu n’a plus le droit d’exister.
Il est, mais il n’existe pas.
Lorsqu’il a utilisé son ignoble expression "la France d’en bas", Jean-Pierre Raffarin, l’ancien
Premier ministre français, a parfaitement entériné cette rupture du principe d’égalité, puisqu’il se voyait, lui, de « la France d’en haut », condescendant, penché vers le sol, la terre,
la foule indistincte du peuple, des autres, étrangers à sa classe, à son clan, à son parti…
Une fois rompu le principe d’égalité entre les citoyens, une fois vendue l’idée de deux réalités
sociales et politiques, l’une supérieure à l’autre, une fois acceptée comme naturelle et inévitable la multiplication des injustices : injustice salariale, injustice fiscale, injustice
sociale etc. que voit-on ?
On voit la charité se substituer à l’égalité.
La charité abroge l’égalité.
La charité abroge l’égalité.
La charité est fondamentalement une notion religieuse. Elle est un des cinq piliers de l'Islam et
présente également dans la tradition juive et chrétienne « vendez vos biens et donnez-les en aumônes » faisait-on dire à Jésus dans l’évangile selon Luc (Lc 12-33). Mais il est évident,
comme l’enseigne la sagesse des nations, que « charité bien ordonnée comme
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