
Pourquoi diable parler des anti-Lumières en 2012 ? Ce courant de pensée, né au XVIIIe siècle, avait pour objectif de combattre la philosophie des Lumières alors en pleine expansion et sa version
réalisée : la Révolution française. De tels débats peuvent sembler anachroniques aujourd’hui. Et pourtant ! Petit à petit, depuis les années 1980, reparaissent les thèmes chéris de ce courant
réactionnaire. Evidemment, personne (ou presque) ne défend la monarchie de droit divin ou ne prétend que les nobles disposent par nature de privilèges sur les autres êtres humains. En revanche,
deux piliers des anti-Lumières ont effectué un retour fracassant dans la vie intellectuelle et politique en Europe et en Occident : d’une part, le fatalisme devant l’ordre immuable des choses et
ses avatars ; d’autre part, la critique de la raison telle que les philosophes des Lumières, inspirés par Descartes, la concevaient, c’est-à-dire l’outil principal de l’émancipation humaine.
Les manifestations de fatalisme sont légion en ce début de XXIe siècle, en particulier dans le domaine économique. Les (ir)responsables publics passent leur temps à expliquer qu’il n’existe
qu’une seule voie possible (à quelques virgules prêts) pour lutter contre la crise financière, qu’on ne peut pas agir autrement face à l’Europe, que trop de redistribution sociale pénaliserait
les entreprises, que d’ailleurs les inégalités sont nécessaires au dynamisme économique, etc. La faible augmentation du smic par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, alors que le pouvoir d’achat
des catégories populaires se réduit comme peau de c
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