La modernité n’y a rien changé : nous regardons toujours les héros avec les yeux d’Homère. Nous voulons croire que l’être héroïque suit un chemin rectiligne qui le conduit vers son destin tragique : l’heure de sa mort est celle des gestes qui assurent sa gloire aux yeux des vivants et pour les siècles futurs.

Selon l’idéal antique, Jean Moulin n’est pas un héros – alors que Joseph Darnand en est un. Ce dernier fut un combattant des deux guerres mondiales, bardé de décorations, homme simple au regard clair, belle tête de soldat – de surcroît remplie des slogans d’un nationalisme sourcilleux. Et c’est fort dignement que le chef de la Milice affronta le peloton d’exécution. On peut être héroïque jusque dans la haute trahison.

Tel que le présente Pierre Péan (1), Jean Moulin apparaît dans sa première vie comme un ho

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