Résumés
Le Comité des colonies sous la Constituante incarna la « corruption » du mouvement patriote. Pourtant composé de « révolutionnaires », il fit obstacle à l’abolition de la traite ainsi qu’à l’extension des droits de citoyen actif aux libres de couleur. Son opposition farouche à l’application de la Déclaration des droits de l’homme dans les colonies en fit l’ennemi principal de « philanthropes », pourtant prudents. L’article vise à aller au-delà de cette image, à juste titre controversée, en étudiant les formes successives du Comité sous les trois premières Assemblées. On peut ainsi observer les transformations d’une institution qui s’appropria des compétences étendues pour tenter d’imposer sa politique coloniale. Loin d’être monolithique toutefois, le Comité fut le lieu d’affrontements multiples, qui opposèrent une grande variété de lobbies coloniaux, et dont le célèbre Club Massiac ne sortit pas toujours gagnant. Soucieux d’échapper aux regards de l’Assemblée mais très perméable à ces groupes de pression, le Comité constitua un lieu de débats, qui devaient néanmoins rester « en famille » - une « famille » se dissimulant derrière le paravent de l’ « expertise coloniale ».