Quatre temps distincts de la révolution font scansion et rythment alors les chapitres de son ouvrage : - en premier lieu, le temps de la pré-révolution des années 1770-1780, qualifié ici plutôt de "Révolution par le haut" par le fait de l'héritage des révolutions atlantiques centré sur l'avènement de l'individu et de ses droits ; - en seconde lieu, la première Révolution française des années 1789-1791 construite autour de la recherche d'un impossible consensus national ; - en troisième lieu, la seconde Révolution des années 1792-1794 avec l'avènement d'un Etat légitime dans un contexte de violence, voire de terreur, sans qu'il s'agisse d'un système ; - enfin en quatrième lieu, les cinq années du temps de la stabilisation (1795-1800) qui vident progressivement l'événement révolutionnaire de ses contenus en détruisant les valeurs essentielles de la Révolution et ses attentes les plus fortes au profit d'un Etat centralisé et non-démocratique.
D'un point de vue méthodologique, Jean-Clément Martin souhaite promouvoir une écriture de l'histoire qui ne s'aligne ni sur des modalités jugées fixes et généralisantes de la pensée politique d'une part, ni sur des catégories historiographiques souvent réduites à la désignation d'acteurs collectifs d'une histoire fortement globalisante d'autre part. Si les catégories historiographiques sont incontournables pour l'historien, elles sont souvent hésitantes face à l'interprétation des événements. S'ils importent de les prendre en compte, c'est donc avec précaution dans la mesure où elles désignent souvent le réel de manière unilatérale. De même, s'il est essentiel de comprendre de façon toujours plus précise les analyses des principaux acteurs de la pensée politique, de Mirabeau à Robespierre - à ce titre, l'histoire de la pensée politique est incontournable jusque dans ses recoins les plus complexes, à l'exemple de Sieyès - ces acteurs donnent sens à leurs inventions conceptuelles par le fait de la conjonctions des événements. La question de la temporalité, dont l'historien Reinhard Koselleck a fait le centre de son œuvre, s'avère alors décisive dans cette Nouvelle Histoire de la Révolution française.
A prendre en compte le nouveau "régime d'historicité" (R. Koselleck) qui s'instaure au XVIIIème siècle, tout particulièrement sur la base du modèle des révolutions anglaise et américaines, l'expérimentation des changements historiques s'inscrit dans des attentes spécifiques, formulées tout particulièrement par le biais de Déclarations des droits de l'homme et du citoyen. La culture de la Révolution, étroitement associée au pouvoir de l'opinion, existe donc avant la Révolution française. Cependant, elle prend plus l'allure d'un phénomène de transition, donc d'une quête de régénération que d'un processus révolutionnaire, par le fait qu'elle procède surtout de changements par le haut, même si la présence des mouvements populaires est centralement attestée. A réfléchir ainsi sur la question de la transition, les années 1770-1780 en France introduisent toutes sortes d'éléments processuels spécifiques: la déchéance du cor