Dans sa préface, Debray évoque une vrille pour rendre compte de la manière dont le «je» de l'auteur carotte le réel passé, prend de la profondeur en faisant tourner le sujet (l'auteur) autour de l'objet (principalement la torture). L'image est très juste, Semprun procède en effet par associations spontanées, pioche dans sa mémoire, laisse la réflexion s'emparer de ce souvenir, le porte à reviviscence, puis soudain se demande pourquoi il ne se rappelle pas une scène où il était pourtant présent ; on dirait, à la fin, qu'il brasse un gigantesque puzzle mémoriel dont la solution ne résiderait pas dans une forme finale à trouver - sa vérité rencontrant celle de l'histoire -, mais dans la réflexion sur chaque pièce. Sur la torture, le résultat est clair, profond, et à peu près intransmissible pour qui ne l'a pas subie : c'est une expérience de fraternité, dit-il, car
Jorge Semprun : le vieil homme et la mémoire MARIN DE VIRY
Récit de résistance au nazisme et au franquisme, exercice de mémoire faisant revivre par anamnèse
des épisodes vécus dans les camps de concentration, et réflexion sur la torture, Exercices de survie* est tout cela, organisé autour d'un rapport égotiste à l'histoire que Régis
Debray analyse dans une forte préface. C'est un récit soutenu, plus et mieux qu'émouvant. Jorge Semprun avait quitté cette vie - la terre entière mettant chapeau bas -, avant d'avoir achevé
le cycle de récits thématiques dont ce livre devait être le premier volume. Il voulut inaugurer ce cycle par le thème de la torture, qu'il a subie, lorsqu'il fut arrêté par la Gestapo qui
chercha à lui soutirer des renseignements sur son réseau de résistance.
Dans sa préface, Debray évoque une vrille pour rendre compte de la manière dont le «je» de l'auteur carotte le réel passé, prend de la profondeur en faisant tourner le sujet (l'auteur) autour de l'objet (principalement la torture). L'image est très juste, Semprun procède en effet par associations spontanées, pioche dans sa mémoire, laisse la réflexion s'emparer de ce souvenir, le porte à reviviscence, puis soudain se demande pourquoi il ne se rappelle pas une scène où il était pourtant présent ; on dirait, à la fin, qu'il brasse un gigantesque puzzle mémoriel dont la solution ne résiderait pas dans une forme finale à trouver - sa vérité rencontrant celle de l'histoire -, mais dans la réflexion sur chaque pièce. Sur la torture, le résultat est clair, profond, et à peu près intransmissible pour qui ne l'a pas subie : c'est une expérience de fraternité, dit-il, car
Dans sa préface, Debray évoque une vrille pour rendre compte de la manière dont le «je» de l'auteur carotte le réel passé, prend de la profondeur en faisant tourner le sujet (l'auteur) autour de l'objet (principalement la torture). L'image est très juste, Semprun procède en effet par associations spontanées, pioche dans sa mémoire, laisse la réflexion s'emparer de ce souvenir, le porte à reviviscence, puis soudain se demande pourquoi il ne se rappelle pas une scène où il était pourtant présent ; on dirait, à la fin, qu'il brasse un gigantesque puzzle mémoriel dont la solution ne résiderait pas dans une forme finale à trouver - sa vérité rencontrant celle de l'histoire -, mais dans la réflexion sur chaque pièce. Sur la torture, le résultat est clair, profond, et à peu près intransmissible pour qui ne l'a pas subie : c'est une expérience de fraternité, dit-il, car
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