Jean Moulin manifeste un don précoce pour le
dessin, remarqué par la famille dès l'âge de 6 ans. Il publie ses premiers dessins humoristiques dans des revues parisiennes à l'âge de 16 ans.
Il renoncera à une carrière artistique à la
demande de son père mais sans pour autant abandonner le dessin. Il expose pour la première fois au Salon de la Société Savoisienne des Beaux-arts en 1922 et prend alors le pseudonyme de « Romanin
», nom d'un château féodal des Alpilles dont il connait bien les ruines, près de Saint-Andiol, en Provence, commune d'origine de la famille.
Il publie de plus en plus de dessins dans des
revues comme Le Rire, Gringoire, Le Journal amusant ou Candide dont il fait plusieurs fois la couverture. Il rencontre le peintre Jean Saint-Paul qui lui fait découvrir la peinture. A Châteaulin,
il rencontre des hommes d'exception comme Max Jacob, Augustin Tuset, Giovanni Leonardi, Lionel Floch et Saint-Pol-Roux et se passionne pour la littérature, en particulier la poésie de Tristan
Corbière qu’il illustrera de gravures.
Il fréquente les milieux artistiques bohèmes
de Montparnasse. Devenu préfet, il ne publiera plus, mais le dessin l’accompagnera jusqu’au bout, jusque dans la tragédie, puisque, comme l’a rappelé André Malraux dans son discours du Panthéon :
« Le jour où, au Fort Montluc à Lyon, après l’avoir fait torturer, l’agent de la Gestapo lui tend de quoi écrire puisqu’il ne peut plus parler, Jean Moulin dessine la caricature de son bourreau.
».