Le 31 mars 1790, Maximilien de Robespierre est élu président du Club des Jacobins. C'est ainsi que le futur dictateur sort de l'anonymat des 1139 députés de l'Assemblée Constituante.
Le jeune avocat d'Arras (31 ans) a eu jusque-là une vie très effacée.
Fils d'un avocat d'Arras, qui appartient à la petite noblesse de robe, il a perdu très tôt ses parents et a été élevé par son grand-père maternel, un brasseur d'Arras, prospère et pieux.
Garçon solitaire au sourire rare, il effectue des études au collège des Oratoriens d'Arras et au lycée Louis-le-Grand, à Paris. Parmi ses condisciples du lycée parisien figure Camille Desmoulins. Élève brillant, Robespierre est choisi pour prononcer un éloge du roi Louis XVI, un jour où celui-ci passe devant le lycée.
Après ses études, il devient avocat comme l'était son père. Il vivote à Arras avec sa soeur Charlotte. Séduit par les écrits sentimentaux de Rousseau, introverti, studieux, il ne fréquente pas de femme et n'a guère d'amis. Il n'en est pas moins élégant jusqu'à la manie.
Au tribunal de l'Église, où il plaide, il se signale une fois par la défense du paratonnerre de Benjamin Franklin ! Quelques maladresses affectent le déroulement de sa carrière... C'est alors que surviennent les élections aux états généraux, en 1789. Sa vie bascule.
Élu député du tiers état d'Arras à Versailles, Robespierre se montre discret à l'assemblée mais assidu à un café fréquenté par des députés bretons et auquel on donnera le nom de club breton.
À l'automne 1789, le roi et l'Assemblée se transportent à Paris. Le club breton s'installe de son côté dans le couvent désaffecté des Jacobins (c'est aujourd'hui un immeuble commercial au milieu de la place du marché Saint-Honoré). Robespierre prend pension dans une modeste chambre chez le menuisier Duplay, rue Saint-Honoré, se vouant tout entier à la Révolution.
Tandis qu'à la tribune de l'Assemblée, Robespierre suscite des ricanements avec sa voix éraillée et son emphase, il va donner toute sa mesure au club des Jacobins. Ce haut lieu de l'agitation révolutionnaire est fréquenté par les députés comme par les artisans de la ville, les «sans-culottes», qui sont séduits par les discours passionnels et abstraits, au demeurant bien préparés, de Robespierre.
Son flair politique lui permet de suivre le courant révolutionnaire et d'exprimer les passions populaires tout en évitant de s'égarer dans les extrêmes. Son détachement des plaisirs terrestres refroidit les opposants et lui vaut le qualificatif d'«incorruptible défenseur du peuple».
Absent de la plupart des journé