Grégory Baudouin, Président Cercle Jean Moulin : « In memoriam ».

« Henri Caillavet est décédé ». Décidément, cet hiver n’est pas bon pour les grands hommes. « La Patrie reconnaissante ». Cette épitaphe peut lui être accolée, sans aller jusqu’à être panthéonisé non plus pour tout ce qu’il a accompli comme parlementaire, au gouvernement, que l’on soit d’accord ou non politiquement avec ses combats. Le grand combat de sa vie pour lequel il créa une association éponyme fut le droit de mourir dans la dignité. Certes Henri Caillavet était moins médiatique que d’autres dont on ne cesse de parler ; mais je suis personnellement indigné de n’en entendre que si peu parler sur les médias. Il a su trouver des relais discrets mais efficaces, et d’autres qui étaient plus dans la lumière, raison pour laquelle il alla chercher Jean-Luc Romero. Celui-ci se bat depuis pour accomplir le chemin que Henri Caillavet n’a pu accomplir.

Il y a cette désagréable impression sur ce chemin d’un arrêt au milieu du guet avec la loi Léonetti. Cette loi est inconnue de tout à chacun mais aussi, c’est un comble, de quasi la totalité des soignants. Elle vise à accompagner en soins palliatifs le patient jusqu’à son décès. Hypocrisie puisque Monsieur Léonetti sait bien que la plupart des décès en gérontologie ont lieu entres 1h00 et 5h00 du matin…

Nous comprenons parfaitement que certaines personnes soient heurtées dans leurs convictions parce qu’ils considèrent que l’euthanasie (le mot est lâché) est, comme l’IVG, un meurtre. Néanmoins je les inviterai à rencontrer les témoins de ces drames. Un fils qui ne communique plus avec sa mère qu’au travers d’un code fait de battement de cils ; un enfant qui voit sa maman se faire nourrir et changer comme un bébé avec en plus la douleur de ne plus être reconnu que durant de très courtes phases de lucidité…

Il ne s’agit pas d’ouvrir le boite de pandore aux meurtres d’un vieux père boulet comme on peut piquer un chien en disant qu’il a la rage, mais de l’accompagner jusqu’au dernier instant ; alors que celui-ci a donné quand il en était encore capable un accord éclairé quant au moment ad hoc de son départ. La déchéance qui est vécue par tous, le patient et son entourage,  comme une torture, une prison, le départ est vécu comme une délivrance surtout par le patient dans un instant de lucidité à l’ultime minute précédent le départ.

Mais une question me vient à l’esprit : le droit à mourir dans la dignité, n’est ce pas là encore une promesse du président élu ? …

Association pour le Droit de Mourrir dans la Dignité : http://www.admd.net/

Henri Caillavet : http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Caillavet