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Cercle Jean Moulin ®

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Co-Président d'Honneur Daniel Cordier, Secrétaire Particulier de Jean Moulin, Hubert Faure, membre des 177 du Commando Kieffer, membre d'Honneur Suzanne Escoffier, petite cousine et filleule de Jean Moulin Association Mémorielle Patriotique et Républicaine. cercle.jean.moulin71@sfr.fr 07 81 34 85 48


Daniel CORDIER, un Compagnon de la Libération hors norme.

Publié par cercle Jean Moulin sur 12 Juillet 2012, 12:35pm

Catégories : #Jean Moulin


Portrait par François BERRIOT, professeur d’Université, membre du Comité régional du Mémorial Jean-Moulin - sept. 2010.

Daniel Cordier naît en 1920 à Bordeaux au sein d’une famille de la bourgeoisie catholique monarchiste. Son grand-père, bonapartiste fervent, s’était engagé lors de la guerre de Sécession, d’ailleurs dans le camp des Nordistes. Le jeune Daniel, lui, bénéficie très tôt d’une éducation privilégiée; cependant, dans les institutions religieuses qui le reçoivent, il se rend très vite suspect par ses agissements en faveur de l’Action Française d’une part, et d’autre part, il ne tarde pas à se rebeller contre le catholicisme lorsque s’éveillent en lui les ardeurs de l’adolescence. A Pau, aux côtés de sa mère et de son beau-père, il entend les anciens combattants de la Grande Guerre proclamer, à longueur de repas, qu’ils sont les seuls à aimer la France, et il se jure bien de ne jamais leur ressembler. Alors que la bibliothèque familiale lui offre la lecture des œuvres de Charles Maurras et de Thierry Maulnier, une libraire amie lui fait découvrir les « blasphèmes » de Baudelaire ou les Nourritures terrestres d’André Gide. Patriote fervent, lors de la déclaration de guerre, à 19 ans, il veut s’engager, mais sa mère ne l’y autorise pas. Au début de l’année 1940, scandalisé par le déroulement de la « drôle de guerre », il participe à la campagne de Maurras pour la désignation du maréchal Pétain (alors ambassadeur de France auprès de l’Espagne franquiste) au poste de président du Conseil et, en mai 1940, il se réjouit de voir le colonel Charles de Gaulle, qui passe pour être proche de l’Action Française, entrer au gouvernement… Pourtant, le 17 juin 1940, c’est l’effondrement : à midi, Daniel Cordier entend à la radio le vainqueur de Verdun annoncer qu’il demande un armistice sans condition alors même qu’une partie de l’armée combat encore; le jeune homme se précipite dans sa chambre pour pleurer. Le mythe Pétain s’écroule: hier, les politiciens de la IIIe République ont laissé la France dans une impréparation totale face à son ennemie héréditaire; aujourd’hui un vieux soldat, espoir de la droite, trahit la nation.

Pendant les journées folles qui suivent, Daniel Cordier tente de réunir la petite centaine de ses compagnons de l’Action Française de Pau: les jeunes gens pensent tout d’abord partir, munis de fusils de chasse, tirer sur les colonnes ennemies qui déferlent depuis Bordeaux, mais très vite ils comprennent qu’il est préférable de se rendre en Afrique du Nord pour continuer la guerre. Le 21 juin, au matin, dix-sept d’entre eux se retrouvent à Bayonne et s’embarquent; Daniel Cordier voit s’éloigner, avec le rivage, la silhouette de sa mère qui lui a, quelques instants auparavant, glissé un papier dans la poche: «  Surtout, couvre-toi bien, Dany. »

Le Léopold II, cargo à bord duquel sont montés les jeunes gens, transporte également un ministre belge qui souhaite rejoindre son gouvernement en exil à Londres, et le bateau, au lieu de gagner le Maroc, est détourné sur l’Angleterre. Pour Daniel Cordier, les surprises commencent: d’abord, dès la seconde journée, il converse avec un ouvrier mécanicien, chaud partisan du Front Populaire et des Brigades Internationales, qui entend, comme lui, combattre l’envahisseur nazi; arrivé à Londres, parmi ses camarades de la France Libre, il aura l’étonnement de ne pas seulement découvrir de jeunes aristocrates ou bourgeois proches de l’Action Française, mais aussi, stupeur, des Juifs, cultivés, intelligents, patriotes intransigeants et qui deviendront très rapidement ses amis !

Après l’engagement dans la « Légion de Gaulle » et la rencontre avec le Général lui-même, dont il apprécie peu la hauteur (« Messieurs, je vous salue; je ne vous remercie pas : vous n’avez fait que votre devoir en venant ici. »), c’est l’entraînement militaire intensif: apprendre à tuer, à l’arme à feu, au poignard, à mains nues. La France et la famille paraissent désormais bien loin, malgré les liens fraternels qui se nouent pour la vie… Beaucoup plus tard, quelques Français Libres témoigneront de ce qu’est alors Daniel Cordier: « un garçon joyeux et généreux qui partage largement ses deniers avec ses compagnons » (Henri Ecochard); « quelqu’un d’étonnamment cultivé, spirituel, différent des autres et en qui on sent déjà l’écrivain ou l’artiste qu’il doit devenir » (Yves Guéna).

Les mois passent, et le jeune officier, venu en Angleterre pour se battre, s’impatiente. En 1941, par son ami François Briant (futur Père blanc), il a l’occasion d’entrer au B.C.R.A., le Bureau central de renseignement et d’action, les services secrets de la France libre. Suit une nouvelle période d’entraînement très dur aux fonctions d’agent secret et d’opérateur radio, et viennent enfin, en juillet 1942, le vol nocturne angoissé au-dessus des tirs meurtriers de la défense anti-aérienne allemande, puis, au petit jour, le parachutage dans la région de Montluçon.

Voici Daniel Cordier à Lyon où il doit, au titre de secrétaire et de « radio », être mis à la disposition du journaliste antifasciste de l’Aube, Georges Bidault, alors responsable du mouvementCombat. Le destin en décide autrement: en l’absence de Bidault, c’est Jean Moulin qui accueille Daniel Cordier. L’ancien chef de cabinet d’un gouvernement du Front Populaire, le préfet radical-socialiste hors cadre, converse longuement avec l’étonnant garçon issu de l’Action Française qui pourrait être son fils. D’emblée, la séduction mutuelle est totale. Daniel Cordier, à Lyon et à Paris, durant onze mois - les derniers vécus par Jean Moulin -, devient aussitôt le plus proche collaborateur du délégué du général de Gaulle en France: il le voit trois fois chaque jour, depuis l’aube, lorsqu’il lui apporte la baguette de pain de son petit-déjeuner, jusqu’à l’instant du couvre-feu où il vient relever les messages à coder et à adresser, par

http://www.memorialjeanmoulin.fr/articles.php?lng=fr&pg=172

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