Contre le déclinisme narcissique et xénophobe
NICOLAS DOMENACH - MARIANNE
Il est temps, plus que temps, de penser et d’agir contre le déclinisme narcissique et xénophobe
qui à la faveur de la crise s’est répandu comme un incendie de forêt avec la complicité des élites. Car si l’enquête IPSOS-Cevipof-Le Monde relève que les français sont toujours plus
convaincus du déclin de leur pays, s’ils rejettent l’étranger, et d’abord les musulmans, et se recroquevillent chaque jour davantage dans la peur de l’autre comme de l’avenir, les
dirigeants et maîtres à penser y sont pour beaucoup. Qu’ils soient de droite, surtout, mais de gauche aussi, ils ont joué peu ou prou aux incendiaires par ignorance ou intérêts
partisans.
Le déclin, c’est d’abord quand l’autre est au pouvoir… C’est aussi le fruit pourri de tant de
mensonges. Ils sont si nombreux à nous avoir vendu abusivement des lendemains qui chantent et qui ont si horriblement déchanté, et une mondialisation heureuse, ce qui ne s’est réalisé que
pour une minorité libérale hors sol. Les réveils ont été douloureux et avec cette petite musique de l’angoisse devenue dominante et qui renvoie le pays à ses terreurs nocturnes et
enfantines. Les Gaulois ont toujours eu peur que le ciel leur tombe sur la tête, aujourd’hui on dirait que chacun ne sort plus que casqué et armé de méfiance, de crainte de son
ombre…
C’est la peur qui tient lieu de pensée, et les prétendus penseurs en cour sont les bardes
apeurés de la nostalgie franco-française. Ceux qui prophétisent la fin de la civilisation blanche et masculine, les Ivan Rioufol et Éric Zemmour qui ne communient plus que dans le
souvenir jauni d’une grandeur perdue et entretiennent une mélancolie qui tourne à l’aigre, à la détestation de l’étranger en général, et de l’Islam en particulier. Ils sont la caution
intellectuelle de la beaufitude de comptoir. Leur culture permet de donner des pseudo lettres de noblesse à l’égoïsme érigé en valeur suprême, à la fermeture comme seul horizon de
réflexion et de survie. Ce sont des derviches tourneurs autour de leur nombril !
Place au narcissisme obsessionnel, au repli sur la Corrèze plutôt que sur le Zambèze, au
renfermement sur le précarré, sur ce que la France a de plus anti-France et que Jean-Marie Le Pen avait résumé d’une de ces formules xénophobes dont il a le secret : « je préfère ma fille
à ma cousine, et ma cousine à mon voisin, et mon voisin à l’immigré ». Mais la France n’est elle même que lorsqu’elle est ouverte, lorsqu’elle porte un message de liberté, d’égalité et de
fraternité au monde qu’elle s’efforce de vivre. Qui le relaie encore ? Qui assume l’Europe et donc son indispensable redéfinition puisqu’elle s’est embourbée et nous « embarbe » de n’être
plus qu’un marché administré par des technocrates sans âme ? Qui défend encore « l’ordre juste » comme l’évoquait autrefois sous les
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