Au lendemain de la Libération, Pierre Brossolette (1903-1944) était sans doute l'un des grands résistants les plus connus des Français. Léon Blum se montrait fierde ce combattant de l'armée des ombres qu'il avait choisi pour tenir la rubrique depolitique étrangère du Populaire. Avec Gabriel Péri (1902-1941) et Honoré d'Estienne d'Orves (1901-1941), Brossolette faisait partie d'une sorte de trinité laïque symbolisant la lutte contre l'occupant nazi. En se jetant, le 22 mars 1944, par la fenêtre du siège de la Gestapo, avenue Foch, où il avait été torturé, il était entré dans l'étroite cohorte de ceux qui avaient accepté le sacrifice suprême plutôt que de s'exposer au risque de parler sous l'effet de la souffrance.
Le transfert au Panthéon des cendres de Jean Moulin (1899-1943) en 1964 modifia fatalement cette place de Brossolette dans la mémoire nationale. En décidant de célébrer le souvenir de "Rex", le général de Gaulle entendait marquercombien avait été à ses yeux capital son rôle dans l'unification de la Résistance au printemps 1943.
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Depuis lors, Moulin est l'objet de constantes célébrations, amplement justifiées. Dans le même temps, l'histoire des années noires a beaucoup progressé. Après les versions légendaires répandues dans l'immédiat après-guerre, la trace de Brossolette s'est un peu estompée et le sens de son action s'est trouvé altéré.
Récemment, des personnalités de divers horizons se sont émues de cette situation. Sous la présidence de l'historienne Mona Ozouf, elles se sont regroupées au sein d'un comité qui s'est assigné pour objectif de soutenir la cause de Pierre Brossolett