Bonsoir à tous,
In memoriam : René PELLETIER un des convoyeurs de Jean Moulin
Ce petit mail pour vous faire part du décès de mon premier résistant, celui sans qui cette grande aventure n'aurait jamais commencé. Cet humble monsieur qu'était le voisin de ma grand-mère s'était engagé à la fin de l'année 1941 dans la Résistance, dans le Pas-de-Calais, à l'âge de 17 ans. A 19 ans, il a convoyé Jean Moulin dans le Cher. Sans lui, je ne serai pas celui que je suis aujourd'hui. Il a combattu dans l'ombre, il est parti dans l'ombre, dans sa 99ème année.
La cérémonie religieuse aura lieu le samedi 28 mai 2022 à 10h30, au crématorium de La Seyne-sur-Mer, dans le Var.
René PELLETIER est né le 31 janvier 1924, dans une modeste famille du Pas-de-Calais. Révulsé par l'occupation allemande, René s'engage dans le premier mouvement qui lui tombe dans la main, en l'occurrence les Francs-Tireurs et Partisans Français (FTPF), sans aucune conviction politique pour autant.
Dans le secteur de Sallaumines, René devient le matricule 2140. Son tempérament pousse ses responsables à le nommer à la tête de cinq francs-tireurs, puis de douze. Sa fonction l'oblige à, régulièrement, exécuter des collaborateurs et autres miliciens, ce qui la profondément marqué, à vie. S'en suivent trois denses années de clandestinité totale. Auprès des agents britanniques et américains, il réceptionne les armements, qu'il répartit à ses hommes. Trois années à changer constamment d'identité, de cache, de couleur de cheveux, de vélo, d'agent de liaison ! Ses parents subissent de violentes perquisitions, l'arme contre le front.
Parmi les épisodes qui marquent son parcours d'exception, qu'il me serait trop long de vous conter complètement.
Ce jour de 1943, où il est transféré dans le Cher, après mille et une aventures. Un "Grand Résistant" est descendu du piper, René dans une autre voiture mène la tête du cortège jusqu'à destination, il l'a "convoyé". Cet homme n'était autre qu'un certain Jean MOULIN.
Adieu, cher René.
Néo
Extrait de son témoignage :
"A la fin d’une lettre officielle du mouvement que je reçois, se trouve une indication rajoutée, indiquant que nous devons rejoindre d'autres groupes FTP qui vont à la rencontre des débarqués. Pour que nous soyons reconnus des soldats, nous devons y aller avec une couverture sous le cadre de notre vélo. L’air grave, mon père me dit : « N’y va pas, c’est un piège ! ». Pour le rassurer, je renonce. Soixante jeunes résistants y sont allés, dont l’un de mes plus proches amis. Tous tombent dans le piège, raflés puis embarqués. Les geôliers permettent aux malheureux d’envoyer une lettre à leurs parents. La mère de mon ami me montre la lettre, à pleurer… Tous sont fusillés".
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article