Lors du procès Eichmann à Jérusalem, c’est Joseph Kessel journaliste qui, en 1961, couvre l’événement pour France Soir. À l’exigence journalistique s’ajoute naturellement le devoir de mémoire. Nous avons rendez-vous avec lui par le jeu d’Ivan Morane. Aussi édifiant que passionnant.
Il y a des passages obligés en Avignon, parce qu’il ou elle est une célébrité ou fait le buzz. La petite salle des Halles constitue un de ces lieux sacrés ; dans un décor de chapelle, sur un plateau épuré présentant une table, sa chaise et une cage de verre, la voix du comédien Ivan Morane fait résonner les mots de Joseph Kessel. Durant une heure, le comédien-journaliste commente le procès d’Eichmann en direct de Jérusalem, capitale du jeune État juif. La cage en verre est transparente et blindée, l’accusé aussi ; il répond aux questions en même temps qu’il n’en dit rien. Son apparente transparence ne dévoile qu’une suite de mensonges et de mauvaise foi. Ce fourbe, qui n’aurait fait qu’obéir aux ordres d’un Hitler seul responsable, nous énerve. Face à lui, l’humanité, la sérénité et le sang-froid du juge Landau sauront déplier la chronologie des faits et des responsabilités de ceux qui ont voulu voir un problème chez le Juif, et une solution par le génocide.