Mon père ce héros. On ne peut comprendre Jean Moulin que si on connaît Anthonin Moulin. Il est constitutif de Jean Moulin.
Jean Moulin est né le 08 juin 1899 à Béziers, Anthonin ou plutôt Antoine Emile Moulin le 18 avril 1857. Il avait dans les yeux autant de douceur qu’il pouvait être autoritaire et inflexible sur les principes, comme son Jeannot, son fillot, qui par principe, le 17 juin 1940 refusa par principe de signer un protocole que les allemand voulait lui faire valider spécifiant que les « nègres » de l’armée française avec tués femmes et enfants. Il préféra se trancher la gorge la nuit, ce fut la son premier acte constitutif de sa résistance à l’occupation et aux nazis.
Le grand-père d’Anthonin Moulin avait été interné dans les prisons du second empire refusant de faire allégeance à Napoléon III. C’était un Républicain, un vrai. La République c’est filiale dans la famille Moulin.
Le Petit Anthonin Moulin fera une scolarité brillante, comme Jean Moulin, à tout le moins pendant son enfance. Jean était bon élève attentif mais dès son plus jeune âge, dès 6 ans, il faisait ses premiers dessins à l’école et c’était la matière qui lui plaisait le plus. Ce qui fait que lorsque Anthonin Moulin adolescent continuait sur sa lancée, le Jeune Jean Moulin quant à lui eut tendance à relâcher ses efforts. Ses professeurs diront de lui « fera un excellent élève, quand il se décidera à travailler ».
En 1875, lors de la distribution des prix, ceux-ci devaient être remis par le seul Député Républicain du département, je vous rappelle qu’à cette époque le monarchisme était encore puissant, il donna le signal et les élèves se mirent alors à applaudir à tout rompre. Informé plus tard du fauteur de troubles et du scandale que cela fit, le proviseur donna une lettre de blâme aux parents d’Anthonin Moulin. Il gardait celle-ci toute sa vie, l’encadrant même et en disant de celle-ci qu’il s’agissait là de son premier brevet, son premier diplôme de Républicanisme. Ses modèles sont Danton, Camille Desmoulin, mais surtout Gambetta. Ses valzus sont déjà « instruction, travail, justice, vérité, tolérance et solidarité ». Il sait tellement se montrer tolérant qu’alors qu’il est athée, il acceptera de se marier à la dévote Blanche Pègue à l’église et consentira à ce que celle-ci donne une instruction religieuse à Joseph, à Laure et à Jean.
Joseph est leur premier enfant. Il sera beau est robuste, mais il était plutôt d’un naturel renfermé, solitaire, peu expansif. Il aimait à jouer dehors. A 12 ans, il attrapera une fièvre typhoïde dont il se remettra difficile. La grande faucheuse avait failli l’emporter lui aussi. Il aura toujours été un élève sérieux, il décrochera même son bac, un bac de mathématique avec mention. Il me racontait alors pour m’amuser des histoires avec forces de grimaces et de gestes. Il était un conteur exceptionnel et à chaque fois qu’il racontait une histoire, Jean le voyais en héros de celle-ci. Je le voyais en marin au grand large et moi son mousse. Jean le voyais Général d’une armée et moi son estafette. Jean le voyait… Jusqu’à ce qu’il ne le voit plus.
Il était plutôt sombre et même avec les dames. On a une photo de lui entouré de sa sœur Laure, de cousines et d’amies. Il est attablé et sert du vin et tandis que ces dames arborent le sourire qu’il sied à l’époque, lui semble fâché derrière sa fine moustache.
Quelque temps après son bac, Joseph qui était resté, depuis l’adolescence et sa typhoïde, d’une santé fragile, attrapa une péritonite lente. Face à la douleur, il restait stoïque. Il tint alors un journal pour noter son ressenti. Malgré les remèdes et les bons soins de maman, son état ne faisait qu’empirer. Alors qu’en son état fut grave, afin que Jean ne vit pas la détresse de son frère (et celle de ses parents), il fut décidé d’envoyer Jeannot chez sa marraine à St Andiol.
En février 1907, alors qu’il n’a que 7 ans, Jean lui envoie une lettre :
« mon petit frère
C’est le premier jour que vé à l’école jé fait trois multiplications un problème toutestait bon. Monsieur martin madonné deux bons points jai fait un Exercice de grammaire nous avon lu deux pagede lecture.courante une page d’écriture et lamoitie dune page de géographi.
Tout ça dans un jour
Je t’embrasse bien fort
Jean Moulin
Il fait tré froi nous n’avons pas pu aller nous promener au pré de la chèvre Il fait 6
Un gros bésé à tous le monde. »
Je ne pouvais pas savoir que ce serait ma dernière lettre.
Le 02 mars 1907, à midi, l’ankou est encore passé sur la famille et l’a enlevé.
Y a-t-il plus grande douleur pour des parents que de perdre un enfant, je ne le pense. Fugacement marié Jean Moulin épouse Marguerite Cerruti. Celle était bien tombée enceinte mais le bébé ne tint et elle le perdait. Ce fut peut être là le départ de la fin de leur histoire. Le mariage ne durera que deux ans.
Revenons en arrière. Jean Moulin a cette époque de sa vie, se rattrape quelque peu et obtient son Bacalaurat de justesse mais l’obtient néanmoins.
Anthonin Moulin veut être professeur et après des études de lettres à Aix-en-Provence, il est nommé à Bédarieux puis à Béziers. Jean Moulin, le Baccalauréat en poche se pose la question de son avenir. Il ne sait pas alors ce qu’il veut vraiment faire mais commence des études de droit. Devant leur impécuniosité, il demandera souvent de l’argent à son père pour lui-même aussi pour Laure, sa sœur, elle aussi sur Béziers en étude, elle aussi de lettres. Ce sont les relations politiques du père qui aideront. Le Préfet qui avait besoin d’un nouvel attaché, demanda à son père s’il pouvait me prendre Jean Moulin à son service. Le père , trop heureux de l’aubaine, acceptait et Jean Moulin commençait sa carrière au sein de la Préfectorale le 1er Septembre 1917 pour un salaire de 100 francs par mois.
Anthonin Moulin en toute logique s’engage en politique. Il est de gauche. De cette gauche Républicaine. De cette gauche du réel comme dirait mon ami Guillaume Lacroix. Il entre au parti radical. Au côté de Alphonse Mas, il devient conseiller Municipal de Béziers puis Maire adjoint. Il fait construire une statue pour Casimir Péret Conseiller Général, vice-président du Conseil Général. Il s’engage. Il s’engage pour Dreyfus, Il créée la section locale de la Ligue des Droits de l’Homme, et est initié au Grand Orient de France. Il ne supporterait pas l’écologisme qui est à la mode aujourd’hui tant il aime la nature. il n’est pas de cette gauche de salon. Il va sur le terrain et en 1884, alors qu’une épidémie de choléra ravage le pays, que le gouvernement navigue à vue et que s’expriment les yaka et yzonka, lui va sur le terrain et sera le seul élu a aller tout les jours épauler un médecin de campagne et faire les consultation avec lui afin de l’assister et assister le peuple, pas ses électeurs, tout le peuple.
Jean Moulin quant à lui au même âge est rattrapé par la guerre. Il n’a pas l’age pour s’engager ou pour être conscrit lorsque la guerre débute, il est alors étudiant mais les années passant vites, trop vites et le conflit se prolongeant alors que les ni les français ni les allemands ne croient plus depuis des lustres en un conflit rapide, il est appelé au 2eme Régiment du Génie. Malgré l’horreur de ce qu’on entend, des 20 000 morts par jour, 3 000 morts à la minute, il est heureux de partir. C’est pour lui la première fois qu’il quitte vraiment le cocon familial. Après ses classes, l’ordre claque : « Messieurs, vous avez une heure pour ranger vos affaires ! Dans une heure, vous partez ! ». Ils comprennent qu’ils ne partiront pas pour un énième exercice. Ce sera direction le front des Vosges, nous sommes le 18 septembre 1918. Fort heureusement pour lui, avant d’avoir d’être sorti une fois des tranchées, avant d’avoir tiré une balle, l’armistice intervient. Le jeune Moulin en est à la fois heureux et fort mari. Il finira son service comme Brigadier-Chef d’active et Sergent de réserve. Retour à la vie civile. Que faire ? Retour aux études et retour à la Préfecture avec de surcroît une promotion et une augmentation de salaire. Les promotions se suivent sous-chef de cabinet en 1918, Attaché au cabinet (c’est une promotion en 1919), Chef adjoint en 1919 jusqu’en 1922 où pour la première fois, il quitte la Préfefture de l’Hérault et donc la couverture paternel. Il est affecté dans la Savoie en en février 1922 comme Chef de Cabinet.
C’est là une étape importante de sa vie. Il rencontre Pierre Cot. Jeune Député Radical qui est remarqué, qui deviendra Ministre de l’air plusieurs fois. Avec lui, Jean Moulin découvre plus d’un plaisir et notamment ceux de la voile et du ski qui deviendra une vraie passion. Après une amourette ratée avec une lointaine cousine, avec une édyle qui sera rompue par le père de la belle parce que grand marchant de cidre, il ne voyait pas sa fille avec un simple fonctionnaire de Préfecture, il y rencontre celle qui deviendra sa femme et dont la sœur disait que lui si charmeur qui accroché les yeux des femmes et des hommes, elle ne comprenait qu’il se soit accroché à pareille femme boulotte. La « belle » chantant avait des rêves de cantatrice ce qu’elle ne se sera jamais mais partira un jour pour Paris et n’en reviendra jamais. Jean Moulin obtiendra le divorce deux mois plus tard aux torts exclusifs de la dame. En 1925, il devient le plus Jeune sous-préfet de 3ème Classe à Albertville. Puis sa seconde classe à Châteaulin en Bretagne.
Depuis son plus jeune age, je vous l’ai dit, il dessine. D’abord des dessins naïfs, puis à l’école, il devient le chouchou des cours de récréations de ses petits copains en dessinant les professeurs. Adolescent, il est même publié dans des journaux locaux. Il donne surtout et essentiellement dans la caricature. Mais il fait des affiches aussi comme celle qu’il fera pour le congrès de la Fédération des étudiants de France. C’est à cette époque le seul engagement politique qu’on lui connaît puisqu’il rentre chez les jeunes radicaux, comme Papa qui lui écrit. La guerre arrivante, il dessine les boches, il est édité dans plusieurs journaux nationaux mais son emploi à la Préfecture se faisant qu’il ne peut éditer sous son nom. Il prendra alors le pseudonyme de Romanin du nom d’un château proche de St Andiol, le village proche d’Avignon où sa famille avait déménagé, où il passait toutes ses vacances et où se trouve le Musée Jean Moulin où Daniel Cordier, parrain du Musée, me fit l’honneur et l’amitié de m’inviter pour son inauguration.
A Châteaulin, il rencontre. Max Jacob, Céline, St Paul Roux et puis Tristan Corbière, une véritable révélation pour lui. La période de Châteaulin est l’une de ses plus prolifiques et fera pour Tristan Corbière une illustration de ses poèmes Armor par des eaux fortes. Nous sommes en 1935 et en voyant l’une d’elle, la pastorale de Conlie, d’aucun diront que Jean Moulin avait eu une prémonition, il avait prophétisait l’avenir voyant dans ce dessin les charniers de Buchenwald.
A ce moment, Anthonin Moulin a abandonné son mandat de Conseiller Général et se consacre à sa passion, l’écriture est la littérature. Il écrira entres autres une biographie « le grand amour de Fouché : Ernestine de Castellane » parut chez Perrin où mon ami Thomas Rabino a fait paraitre 5 ouvrages dont « Jean Moulin derrière le héros, l’homme » et « Laure Moulin, Résistante et sœur de héros ». La boucle est bouclée. et ce sera bien sur fiston qui l’aidera a écrire cette œuvre par des recherches qu’il fera à Paris. Anthonin Moulin n’aura pas le temps de finir une œuvre sur St Andiol. Le Grand Architecte de l’Univers l’emportait en Avril 1938.
Avant cela, alors qu’il est à Chateaulin, Pierre Cot nommé Ministre des affaires étrangères propose à Jean Moulin de rentré à son cabinet comme Chef adjoint. Il aura un poste essentiellement administratif à son grand damne.
Il est promu sur place début janvier 1934 sous-¨Préfet de 1er Classe. A l’est depuis des mois, le bruit des bottes se fait entendre. En France sont écho résonne. 6 Février 1934. Il est à l’Assemblée Nationale. Les hordes rances foulent le pavé. Les liguards, la cagoule, l’extrême-droite, la ligue des contribuables, l’action française marchent sur la République. Ils veulent renverser la gueuse. Les affrontements débutent. Le Colonel de la Rocques et ses Croix de feu, des anciens combattants de 14-18, marchent de leurs côtés. Il est sur les invalides. A la demande des liguards, il refuse de marcher sur l’Assemblée Nationale alors les forces rances de la France se lancent à l’assaut. La Police réagit. On nous parle de violences policières aujourd’hui. Pensez que déjà les ligards étaient équipés. Devant la charge des chevaux des Forces de L’Orde, ils coupent les tendons des chevaux et se jettent sur le fonctionnaire de la République, représentant de tout ce qu’ils honnissent. Les forces de l’ordre réplique. Il y aura 37 morts. Aujourd’hui, il n’y en a pas eu 1. Il y aura 2000 blessés. Force est resté à la Loi. L’Assemblée ne sera pas approchée et c’est une des raisons pour laquelle, le Colonel de la Rocque sera toute sa vie détesté par la gauche qui le considérera comme membre de l’extrême-droite, et hait, voué aux gémonie par toutes l’extrême-droite pour avoir refusé de marcher sur l’Assemblée nationale. L’apport du nombre de ses troupes aurait fait la différence. Par la suite, les ligues seront dissoutes, les croix de feu avec qui deviendra le Parti Social Français premier parti de droite de masse qui réunira jusqu’à 1 million d’adhérents. Il se rangera d’abord auprès du Maréchal Pétain mais son maréchalisme vacille très vite et il monte son propre réseau de résistance qui sera présent sur toute la France et principalement à Vichy en noyautant l’administration. Découvert, dénoncé, gênant, il sera déporté. Je vous conseille la lecture de service public et de pourquoi je suis républicain.
Après ces faits, Jean Moulin devient Secrétaire Général de Amiens. Des manifestations se font. Le Préfet est indisponible. C’est Jean Moulin qui officiera. Tel César, il ira sur place, il verra puis il vaincra. Tel Clémenceau, de gauche, il n’hésitera pas à donner quand ce sera réaliste, à manier la langue du réalisme et manier la main de fer quand nécessaire. Il n’hésitera pas à utiliser les forces de l’ordre tout en donnant compensation. Sa méthode alliant virilité, force, exigence , fermeté et dialogue aura très vite raison du mouvement dont les chefs ne pourront que louer Jean Moulin.
Son ami Pierre Cot retrouve un portefeuille, Jean Moulin en sera avec Chambeyron, Aubrac, Meunier, Joxe, son mai Frédéric Henri Manhès qui plus tard fera la Fédération Nationale des Dépotés et Internés, Résistants et Patriotes avec Marcel Paul dont ma maman est aujourd’hui la Sécrétaire Générale. Pupille de la Nation, elle y est entré à 15 ans. Membre du Conseil d’administration à 17 ans par la volonté de Marcel Paul Ministre, communiste, du Général de Gaulle, elle a toute sa vie fait partie de la direction de LA Fédé. Ce n’est pas pour rien que je dis que je suis né dans l’univers concentrationnaire.
Le bruit des bottes n’a pas cessé et de l’autre côté des Pyrénées un minot s’amuse à la guerre, il s’appelle Santiago Catala, c’est mon grand-père et une jeune gazelle rêve, elle s’appelle Maria de Los Désemparados, c’est ma grand-mère. L’un ira au POUM, l’autre à la CNT FAIL. Ils prendront les armes, puis amer, traverseront la frontière avec la Retira, ce mouvement de foule qui a vu arriver dans les camps de la honte français, 3 trois bord de Barbelés, surveillés par des sénégalais, le quatrième étant la mer où ils devront vivre mais avant construire eux-mêmes les baraquements car avant leur arrivée, il n’y avait rien, rien de ché rien, pendant pas grand-chose a par la misère, at après, il n’y a plus rien qu’une plaque. Ils seront déplacé Chartres, encore, d’abord puis Dreux où ils ont vu l’extrême-droite et Stirbosi Lepen remporter leurs premières victoires. J’ai remarqué un jour que j’avais de nombreux point commun géographique avec Jean Moulin Amiens, la haute Savoie, l’Eure et loir, Mâcon…
Léon Blum décide officiellement la politique de la non-intervention. Jean Moulin connaîtra pour la première fois la clandestinité. Travaillant au Ministère de l’Air, Pierre Cot refusant ce scandale, comprenant bien que si Franco gagne c’est toute l’europe qui s’embrasera d’autant que là-bas à lieu une mini guerre mondiale avec les appuis d’Adolf Hitler et de Staline. Jean Moulin livra des armes aux républicains espagnoles mais aussi et surtout des avions. Mais ce ne fera pas la différence. Alors Jean Moulin pour s’évader de la grisaille internationale dessine. Romanin n’a de cesse que de griffonner su son carnet à dessin qui ne le quitte pas. Il peint fait des aquarelles. Mais le cœur y est de moins en moins.
Quittant le Ministère, il est donc nommé dans l’Aveyron, Préfet, le plus jeune Préfet de France. Puis ce sera Chartres. Le 21 février 1939. On loue son jeune age, son dynamisme quand la guerre éclate. Devant l’avancé des Allemands et la fuite des Français, y compris à Chartres, il n’hésite pas à réquisitionner une boulangerie et faire lui-même des fournées pour nourrir la population restante et ceux qui arrivent. En parallèle, il fait trois demande pour étre mis en disponibilité et reprendre l’uniforme. La troisième sera la bonne mais alors qu’il est affecté au sein de l’armée de l’air, le gouvernement révoque sa mise en disponibilité et lui ordonne de retourner en Préfecture. « Habitants d’Eure et Loir, vos fils résistent victorieusement à la ruée allemande. Soyez dignes d’eux en restant calmes. Aucun ordre d’évacuation du département n’a été donné car rien ne le justifie. N’écoutez pas les paniquards qui seront d’ailleurs chatiés. Déjà des sanctions ont été prises. D’autres suivront. Il faut que chacun soit à son poste. Il faut que la vie continue. Les élus et les fonctionnaires se doivent donner l’exemple. Aucune défaillance ne saurait être toléré. Je connais la les qualités de sagesse, de patriotisme des populations de ce département. J’ai confiance. Nous vaincrons ».
Mais hélas le 17 juin le Général Koch Epach est accueilli pas le Préfet Jean Moulin en grand uniforme. Pierre Besnard, Conseiller Municipal, représentant le maire qui a fui, et le vicaire général de l’évêque Raoul Harscouët. Préalablement, il écrira à sa mère et à sa sœur « si les allemands, ils sont capables de tout, me faisait dire des choses contraires à l’honneur, vous savez déjà que cela n’est pas vrai. Quand le Général passe le perron de la Préfecture, il lui dira « la fortune des armes vous amène en vainqueurs dans notre ville. Nous nous inclinons devant la loi de la guerre et, je puis vous affirmer que lordre ne sera point troublé, si, de votre cote, vous nous donnez l’assurance que vos troupes respecterons la population civile et spécialement femme et enfants ».
Parole lui fut donnée par ce Général Allemand de la veille école. Un aristocrate de la Wehrmacht. Parole qui fut bafoué le soir par l’officier nazi exigeant qu’il signe le protocole dont je vous ai parlé en début de planche. Rappelez sa nuit passée avec les nègres puisqu’il les aimait tant ont il dit. Cette nuit où il se tranchera la gorge. De ces évènements, il écria un livre, un journal « premier combat ». « Je ne savais pas qu’il était si simple de faire son devoir quand on est en danger ».
Préfet rouge d’après Vichy, il sera révoqué.
Le reste, le reste appartient à la grande histoire de France du 27 mai 1943 où il présidera la 1ère réunion du Conseil de la Résistance qui deviendra après-guerre le CNR, puis le 21 juin 1943 où il sera arrêté à Caluire. Tout cela nous sera conter si fidèlement par son Secrétaire Particulier, mon ami, Daniel Cordier.
Frappé, martyrisé par Klaus Barbie qui lui intimé l’ordre d’écrire les noms de ses complices alors qu’il ne pouvait plus parler la bouche déformée par les coups. Il demandera le bloc note. Klaus Barbie pensait tenir sa victoire. Mais Jean Moulin s’était évadé de nouveau dans les Alpilles, à Saint Andiol, enfin libre, débarrassé de toutes douleurs et quand le nazi arrachait le carnet, il vit que Romanin avait dessiné une caricature de son bourreau.
Sa sœur, véritable résistante, dans l’ombre de son frère, attendra son retour pendant des mois, ne croyant pas à la mort de son frère. Refusant de croire en ce 13 octobre 1943 la missive d’un décès de Jean Moulin en gare de Metz au cours de son transfert en Allemagne. Une urne sera retrouvée avec un numéro 3857 et l’inscription « présumé Jean Moulin ».
Un jour qu’elle marchait dans la rue devant Daniel Cordier, celui-ci demanda à Meunier, membre de la FNDIRP, ancien Maire de Chenove, comme Roland Carraz ami et membre du Mouvement des Citoyens de Jean-Pierre Chevènement, il lui demandait :
- qui est cette femme ?
- c’est Laure, Laure Moulin.
Devant le silence circonspect de Daniel Cordier , il lui dit « Laure Moulin, la sœur de Jean Moulin… »
- qui est Jean Moulin ?
- la sœur de Max.
C’est ce jour que Daniel Cordier qui avait passé des heures à parler arts avec son patron qui lui avait la promesse de l’amener après-guerre au Prado découvrait l’identité de son « patron ».
Aujourd’hui Jean Moulin c’est aussi 435 établissement scolaire porte son nom. 978 boulevards, rues, squares, places, 37 monuments et stèles, 119 plaques en grande partie grâce à Laure Moulin. Elle se battra toute sa vie pour son frère, pour la mémoire de son frère. Jusqu’à ce jour du 19 décembre 1964, où, après avoir été veillé par ses compagnons, les compagnons de l’ordre de la libération toute la nuit à la lumière de torches portées à la main, retentissait un vibrant :
« Entre ici Jean Moulin ».
J’ai dit.