Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Cercle Jean Moulin ®

Cercle Jean Moulin ®

Co-Président d'Honneur Daniel Cordier, Secrétaire Particulier de Jean Moulin, Hubert Faure, membre des 177 du Commando Kieffer, membre d'Honneur Suzanne Escoffier, petite cousine et filleule de Jean Moulin Association Mémorielle Patriotique et Républicaine. cercle.jean.moulin71@sfr.fr 07 81 34 85 48


‌Ils étaient huit. (l’arrestation de Jean Moulin par Grégory Baudouin , Président - Fondateur du Cercle Jean Moulin)

Publié par via le Cercle Jean Moulin sur 21 Juin 2020, 15:14pm

Catégories : #Cercle Jean Moulin, #Jean Moulin, #Grégory Baudouin

Dernière photo de famille avec Jean Moulin le dimanche de Pâques 5 avril 1942. Dr à g. Yvonne Escoffier, Laure Moulin, Andrée et Suzanne filles de Yvonne, et Marcelle Sabatier la sœur de Yvonne. Notre-Dame-Font-de Vacquières, près de Saint-Andiol. + la pastorale de Conlie dessinée en 1934 !
Dernière photo de famille avec Jean Moulin le dimanche de Pâques 5 avril 1942. Dr à g. Yvonne Escoffier, Laure Moulin, Andrée et Suzanne filles de Yvonne, et Marcelle Sabatier la sœur de Yvonne. Notre-Dame-Font-de Vacquières, près de Saint-Andiol. + la pastorale de Conlie dessinée en 1934 !

Dernière photo de famille avec Jean Moulin le dimanche de Pâques 5 avril 1942. Dr à g. Yvonne Escoffier, Laure Moulin, Andrée et Suzanne filles de Yvonne, et Marcelle Sabatier la sœur de Yvonne. Notre-Dame-Font-de Vacquières, près de Saint-Andiol. + la pastorale de Conlie dessinée en 1934 !

"‌Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers…" (1). Ce jour-là, ils étaient huit. 

 

Huit anonymes parmi les anonymes et pourtant huit qui entreraient dans l’Histoire. 
Huit hommes qui ont su faire fi de leurs divisions pour ne voir que l’intérêt de la France. Ils s'étaient, non pas oubliés, mais effacés pour ne se demander que ce qu'ils pouvaient faire pour leur pays. 

 

Cette villa était pourtant un havre de paix. De ces cabinets où l'on soigne. Ici, ils devaient veiller sur les maux de leur Nation. Ils avaient répondu depuis quelques années à l'appel du Général de Gaulle pour venir au secours de la mère Patrie. D'aucuns avaient choisi le parti de la collaboration, de l'indignité, ils n'étaient pas de ceux-là.

 

Cinq étaient déjà là :

  • André Lasagne, l’adjoint du Gal Delestraint pour la zone sud. Il rentrera de Déportation,
  • Bruno Larat, le Chef des opérations de parachutage et d’atterrissage (il décèdera en déportation),
  • André Lacaze, membre de l’état-major de l’Armée secrète (incarcéré, il sera finalement libéré avec le Docteur Dugoujon),
  •  Henry Aubry, le Chef de cabinet du Général Delestraint (incarcéré, il sera lui aussi libéré fin 1943),
  • René Hardy, membre du mouvement Combat dirigé par Frenay, responsable du NAP-FER (sabotage des chemins de fer) ; il est mandaté par Pierre Bénouville pour le remplacer à cette réunion, il n’aurait toutefois jamais dû être là.

 

Quarante-cinq minutes plus tard arrivaient les trois derniers protagonistes. Ils ne savaient pas qu’ils se jetaient dans la gueule du loup.


Ils se nommaient :

  • Emile Schwarzfeld, le Chef du mouvement France d’abord. C’est lui qui est pressenti pour succéder au Général Delestraint à la tête de l’Armée Secrète (il décèdera en déportation),
  • Raymond Aubrac, le Chef des groupes paramilitaires du mouvement Libération et attaché à l’état-major de l’AS (incarcéré au Fort Montluc, il s’évadera via une opération montée par son épouse Lucie au cours d’un transfert)
  • Jean Moulin, Préfet révoqué par Vichy, Président du Conseil de la Résistance et délégué général du Général de Gaulle.

 

Ils n’imaginaient pas que le ver était dans le fruit, que le loup était dans la bergerie. « Les loups étaient loin de la Croatie et de la Germanie ; les loups étaient dans Paris, (2)


La si serviable Marguerite Brossier, gouvernante du Docteur Dugoujon, pensant qu’il s’agissait de patients, les introduit dans la salle d’attente quand un quart d’heure plus tard, trois tractions de sinistre réputation stationnent devant la maison du Docteur Dugoujon sise 3 place Castelane à Caluire. Elle voit en descendre une dizaine d’hommes en imperméable noir de non moins sinistre mémoire. Le boucher de Lyon, Klaus Barbie est présent. Il cherche Max.

 

Tout le monde est menotté et exfiltré avec force et vigueur quand l’un d’entre eux doté d’un simple cabriolet (une chaine que l’on tord et dont on tient le bout) bouscule l’un des « boches » et joue les filles de l’air pour rejoindre la troublante et non moins trouble, Lydie Bastien.

 

Jean Moulin partait vers son destin. Lui qui refusait le déshonneur le 17 juin 1940,  sera arrêté le 21 juin 1943 pour devenir immortel le 08 juillet 1943. « […]Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi; et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé; avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard, enfin tombé sous les crosses; avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l’un des nôtres […]» (3).

 

Lui, Romanin, qui ne rêvait que de douceurs, de pastels, de caricatures et de peintures aura dessiné de façon prémonitoire « La pastorale de Conlie » en illustrant le recueil de poèmes de son ami Tristant Corbière « Armor ». Au Fort Montluc où il sera interné avec ses compagnons d’infortune, le boucher de Lyon lui ordonnera d’écrire des noms de « terroristes ». Ramassant la copie Romanin avait repris la place de Jean Moulin, de Max, de Rex, de Régis, de Joseph Mercier, de Jacques Martel. Il avait dessinait une caricature de son tortionnaire. Il en paya de nouveau le prix.

 

On ordonna à Christian Pineau (Libération Nord) de venir raser un prisonnier qui devait être transféré. Celui-ci cru reconnaitre derrière ces traits boursouflés qui n’avaient plus rien d’humains, le chef de la Résistance. La poitrine ne se levait plus que difficilement, dans une respiration encombrée.

 

Apprenant le décès du « patron », son fidèle Secrétaire Particulier, Daniel Cordier  s’écrira « notre dieu est mort ». Il s’élèvera plus qu’un dieu. Il sera de ces grands Hommes auxquels la Patrie sera reconnaissante.

 

«  […] Aujourd’hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n’avaient pas parlé ; ce jour-là, elle était le visage de la France[…] » (4).

 

(1) « Nuit et Brouillard » par Jean Ferrat,

(2) Inspiré de « Les loups » par Serge Reggiani

(3) – (4) André Malraux 19 Décembre 1964 - discours pour l’entrée de Jean Moulin au Panthéon.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents