
Une célébration, liée de surcroît à un jubilé, est pour l’historien l’occasion de faire le point : elle lui commande de revenir aux sources en écartant les scories de l’hagiographie comme celles de la médisance. Au terme de l’année 1999 qui a été celle du centenaire de la naissance de Jean Moulin, Espoir se devait de rappeler ce que furent ses titres à la gratitude nationale. L’homme qui symbolise à la fois la conjonction de la France Libre et de la Résistance intérieure, la tradition républicaine et la fidélité à de Gaulle, qui fut l’unificateur des forces résistantes, héroïque jusqu’au sacrifice et mort sans avoir dit un mot sous la torture, l’unique résistant qui eut les honneurs du Panthéon, occupe – à juste titre – une place exceptionnelle dans la mémoire des Français.
Le devoir de mémoire oblige à rappeler aussi que Moulin a été depuis un demi-siècle l’objet de procès posthumes récurrents. On peut d’autant moins les ignorer que son détracteur le plus éminent et le plus constant fut Henri Frenay, créateur et chef du mouvement Combat, qui avait été au premier rang des résistants, et, Frenay disparu, des épigones ont repris son réquisitoire en l’aggravant ou en le pimentant.
Cinquante ans de recherches historiques ont prouvé, s’il en était besoin, non seulement l’inanité de ces accusations, mais leur injustice obsessionnelle. On trouvera ci-a