
L’abbé Lanier revient de Dachau, accueilli à la gare de Lisieux par l’abbé Dutel et ses paroissiens. | OUEST-FRANCE
Au Pré-d’Auge, il cachait les réfractaires au STO. Arrêté par la Gestapo, torturé et déporté, l’abbé Lanier a fait preuve, même dans les camps, d’une extraordinaire humanité
L’histoire
L’abbé Lanier est nommé, en 1933, curé de la paroisse du Pré-d’Auge. En 1939, la guerre commence. Bien que réformé pour cause de santé fragile, il se fait affecter volontairement, dès 1939, au 43e Régiment d’artillerie (RA) à Vernon, comme aumônier militaire. Grièvement blessé par un éclat d’obus logé dans sa colonne vertébrale, il revient avec un corset de fer qu’il ne quittera plus.
Dans la paroisse du Pré-d’Auge, les réfractaires au STO (Service du travail Obligatoire) sont nombreux. « L’abbé Lanier avait une liste d’adresses de personnes susceptibles de les cacher », raconte Francis Martin, membre de la société historique de Lisieux et collectionneur de nombreux documents sur Le Pré-d’Auge. L’abbé Lanier dote alors ces jeunes de faux cachets et de fausses cartes d’identité, établit une filière pour les mettre à l’abri dans des fermes voisines, et en fait passer certains en Angleterre.
« La Gestapo finira par m’arrêter »
« Il disait parfois, écrit l’abbé Pierre Arnaud, « la Gestapo finira par m’arrêter » ». Hélas, l’histoire vérifiera ses craintes. L’abbé Arnaud tombe dans un piège. Mis en confiance par deux individus, qui étaient en fait de la Gestapo, en septembre 1943, il leur donne plusieurs adresses, dont celle de l’abbé Lanier. « La Gestapo l’a arrêté le 22 mars 1944, ainsi que le maire, M. Picard, relate Francis Martin. Emmenés à la prison de Caen, le maire sera ensuite libéré, mais pas lui. »
L’un des nombreux motifs d’arrestation, outre l’activité de résistance, était d’avoir dit en chaire : « La croix du Christ vaincra toutes les croix ! » L’abbé est battu, longuement torturé, dont au niveau de sa colonne blessée. Une fracture du crâne infligée à ce moment-là sera responsable de la tumeur au cerveau dont il décédera plus tard. Il écrira : « Je me sens vraiment heureux de souffrir, je suis en paix » et ne donnera aucun nom. Il sera déporté, d’abord à l’effroyable camp de Neuengamme, puis à Dachau, où il devient le matricule 138811.
Dévoué aux autres dans les camps
Au camp, son dévouement est sans limite. « Lanier s’employait à soulager toutes les misères. Malgré sa faiblesse et la faim dont il souffrait, il se dépensait sans compter »,relate un ancien dépo
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