Magda Hollander-Lafon a été déportée à l'âge de 16 ans à Auschwitz-Birkenau. Rescapée, elle est devenue psychologue pour enfants. Elle vit aujourd'hui à Rennes
Elle a survécu à l’horreur. À 91 ans, Magda Hollander-Lafon, rescapée d’Auschwitz-Birkenau, lance un cri d’alarme face à la recrudescence de l’antisémitisme et à la montée de l’extrême droite en Europe.
Une femme chaleureuse nous ouvre sa porte, à Rennes. Sourire lumineux. Invitation spontanée à s’appeler par nos prénoms. Elle nous a invités, comme une amie, pour se confier. Témoigner de l’indicible. Encore une fois. Une des dernières. Le temps presse. « Je suis en fin de parcours », sourit Magda Hollander-Lafon, 91 ans.
Rescapée d’Auschwitz-Birkenau où elle fut déportée, adolescente, en avril 1944, depuis sa Hongrie natale, elle a passé sa vie à parler, surtout aux jeunes, de l’enfer des camps de la mort, pour que « cette réalité qui dépasse l’imagination » ne se reproduise plus jamais.
Un engagement scellé près d’un baraquement d’Auschwitz. Une mourante lui fait un signe. « Je suis allée vers elle et elle m’a dit : « Tu es jeune, tu dois vivre pour témoigner de ce qui se passe ici afin que ça n’arrive plus jamais dans le monde. » » De sa main décharnée, elle lui tend quatre petits bouts de pain moisi (1).
Mais Magda attendra plus de trente ans avant de pouvoir en parler. « Je me reprochais d’être en vie. » Les propos inqualifiables tenus en 1978 par Louis Darquier de Pellepoix, commissaire général aux questions juives sous l’Occupation - « À Auschwitz, on n’a gazé que les poux » - serviront de « détonateur » et réveilleront « une mémoire enfouie ».
La mémoire. Plus qu’un « devoir », ce qui importe, c’est de lui être « fidèle », souligne Magda. A fortiori quand la bête immonde - « l’antisémitisme » - n’est pas morte. « Je sens le danger », s’inquiète-t-elle, comme en témoigne « la banalisation de propos humiliants ».Elle raconte cette « blague » qui fait frémir dans sa bouche : « Quel est l’hôtel qui a le plus d’étoiles ? C’est Auschwitz. » Un silence et ce cri : « Quand le Juif est en danger, Dieu est en danger et l’univers est en danger ! »
Surtout, déplore-t-elle, quand les peuples sont amnésiques. L’extrême droite prospère sur « l’absence de mémoire ». Et le péril est à nouveau à nos portes. « Regardez la Hongrie, qui n’a jamais reco
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