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Cercle Jean Moulin ®

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Co-Président d'Honneur Daniel Cordier, Secrétaire Particulier de Jean Moulin, Hubert Faure, membre des 177 du Commando Kieffer, membre d'Honneur Suzanne Escoffier, petite cousine et filleule de Jean Moulin Association Mémorielle Patriotique et Républicaine. cercle.jean.moulin71@sfr.fr 07 81 34 85 48


14 avril 1931. Comment célébrer la République espagnole ? Les chroniques Latines de Jean Ortiz

Publié par via le Cercle Jean Moulin sur 27 Avril 2017, 21:05pm

Catégories : #Mémoire des Républicains Espagnols, #Retirada, #livre

Chroniques Latines

Les chroniques Latines de Jean Ortiz portent un regard loin des clichés sur les luttes de libération du continent sud-américains... Toujours un œil vif sur l'Espagne et les enjeux sous-jacents du quotidien...

http://img.humanite.fr/sites/default/files/styles/abonnez_vous/public/images/800px-cubierta_constitucion1931.jpg?itok=MDgL38MR

Jean Ortiz

Vendredi, 14 Avril, 2017 - 14:15

14 avril 1931. Comment célébrer la République espagnole ?

Le 14 avril 1931 la République était proclamée en Espagne après que le roi Alphonse XIII, battu aux élections municipales, a quitté le pays. Des foules en liesse descendent dans les rues. Elles attendent que « la Niña bonita » change leur vie, procède à la Réforme agraire (une aspiration séculaire), à la répartition des richesses, rende aux pauvres ce que les grands propriétaires, l’oligarchie, l’Eglise, leur ont volé, qu’elle socialise les banques, les grandes industries...

La Deuxième République réalise des réformes importantes en matière de citoyenneté, d’éducation, de culture, de santé, de législation du travail, de droits des femmes, mais elle tarde à s’attaquer au mur de l’argent et des privilèges ancestraux. Elle réprime même des soulèvements paysans qui exigent une vraie Réforme agraire. Elle paie très cher ses atermoiements face aux classes dominantes. Quand « la gauche » ne tient pas ses promesses... En novembre 1933, les listes de droite et d’extrême-droite gagnent les élections générales. Commencent alors « deux années noires » de contre-révolution, de restauration oligarchique, de répression, de fermeture de nombreuses « Casas del pueblo », « Ateneos », de suspension du salaire minimum, du statut de la Catalogne, de la Réforme agraire, d’écrasement d’insurrections populaires, et notamment de « la révolution des Asturies » en octobre 1934.

Le processus de transformation sociale ne sera repris que par l’action de « ceux d’en bas », les puissants syndicats anarchistes de la CNT FAI et la socialiste UGT (à laquelle adhèrent les communistes, minoritaires), par l’exigence commune de libération des 30 000 prisonniers politiques, par la formation du Front populaire et la victoire électorale le 16 février 1936 de ses candidats. La droite républicaine, fort modérée, donne l’impression de craindre davantage les « rouges », le peuple, les masses anarchistes, que la conspiration fasciste en marche. La République est considéré par une partie des travailleurs, des journaliers, comme « bourgeoise ». Pour d’autres, malgré ses limites, elle porte en elle l’espoir d’un avenir meilleur.

Dans la riposte au coup de force fasciste (de juillet 1936) civil et militaire, dans l’antifascisme, communistes, socialistes, anarchistes, simples républicains, etc., versent leur sang, malgré leurs conflits fratricides. Il est de bon ton aujourd’hui de réécrire l’histoire, et de faire porter à ces conflits, douloureux, la responsabilité de la défaite. C’est dédouaner l’ensemble des forces factieuses, l’intervention massive d’Hitler et de Mussolini, la coupable « non intervention » très interventionniste, la coalition séditieuse : partis politiques, inspirés par le modèle mussolinien, phalangistes, partisans de Gil Robles, de la CEDA, de Calvo Sotelo, évêques, banquiers, « terratenientes », officiers... C’est oublier Gernika, le « plan d’anéantissement » de l’Espagne populaire, le « génocide » (Paul Preston) de classe...

Les changements ne visent pas à établir une « dictature stalinienne » en Espagne, ou « anarchiste », ou « le totalitarisme », ou « la révolution », comme le répètent à satiété les historiens « libéraux », mais à rendre la vie moins dure, plus juste, à « démocratiser » le pays... C’est déjà insupportable pour les nantis. Les « révisionnistes » mènent une bataille très politique concernant non le seul passé, mais surtout les enjeux politiques actuels.

Pour célébrer le 14 avril 1931 de façon offensive, sans mythification ni nostalgie excessive, pour célébrer sans en rester uniquement à la dimension victimaire, sentimentale, de la mémoire, il faut mener bataille afin de démasquer le révisionnisme, militer pour un processus constituant, pour une consultation référendaire sur une Troisième République espagnole sociale, fédérale (ou confédérale), pour rendre le pouvoir au peuple, pour en finir avec la monarchie, pour le droit à l’autodétermination des « nations historiques », pour une Espagne enfin plurielle, une Espagne de toutes les Espagne(s), etc.

La guerre d’Espagne a suscité tellement de passions, la mémoire porte tellement d’enjeux, qu’aujourd’hui plus encore qu’hier il faut « commémorer », certes, mais AU PRESENT. Il y a des commémorations, pleines de bonnes intentions, qui peuvent enterrer le sens sous la célébration formelle.

 

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